Mémoire n L'Association des amis d'Alger Républicain a organisé, en collaboration avec l'association Henri Maillot-Fernand Iveton, hier une conférence-débat sur la vie de ce militant de la cause nationale. Cette conférence intervient dans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire de la mort sous la torture de Maurice Audin, le 21 juin 1957 en pleine bataille d'Alger. Après une minute de silence à la mémoire de ce martyr, le président de l'association, Malek Boudaghou, a invité âmmi Taher, un ancien moudjahid et ami de Maurice Audin, à donner une présentation dans laquelle il a retracé l'itinéraire de ce Français qui a défendu l'indépendance de l'Algérie en s'opposant à la France coloniale, en pleine guerre de libération. Né à Beja (Tunisie), le 14 février 1932, arrivé en famille à Alger en 1940, il fut militant parmi les étudiants communistes de la Faculté d'Alger où il a fait des études en mathématiques. En 1951, il a adhéré au PCA. Depuis septembre 1955, le PCA est interdit et les communistes les plus notoires repérés. Par anticolonialisme et par adhésion à la cause de l'indépendance de l'Algérie, il s'est investi corps et âme dans la guerre de libération avec les moudjahidine. Le mardi 11 juin 1957 à 23 h, une expédition d'une dizaine de parachutistes arrêtent Maurice Audin - ou plutôt l'enlèvent - et le conduisent aussitôt aux interrogatoires sous la torture. Il meurt le vendredi 21 juin 1957 au cours d'un interrogatoire et a été inhumé dans la citadelle de «Fort l'Empereur». «Dans un excès de colère motivé par ses réticences», il a été étranglé par le lieutenant qui conduisait les séances de tortures. Lors des débats, les compagnons du défunt ont apporté leurs témoignages sur le combat indéfectible d'un homme qui s'est sacrifié pour que l'oppression cesse dans ce pays. Néanmoins, «peu d'Algériens d'aujourd'hui connaissent cet homme, exemple de courage et de bravoure» regrettent-ils. «Il faut apprendre l'histoire d'Algérie à nos enfants», ajoutent-ils. Selon les responsables de l'association, le droit de mémoire doit être consacré car «on ne peut oublier ceux qui sont morts pour l'indépendance du pays». Dans ce contexte, Mme Louisette Ighilahris, l'une des membres de l'association, s'est interrogée : «Où est passée la stèle de Maurice Audin qui devrait être placée au centre d'Alger pour l'éterniser ?» Pour sa part, Abdelkader Djabari, représentant de la Zone autonome d'Alger, a appelé les autorités concernées à rétablir l'histoire et à faire connaître à nos enfants les qualités des hommes et des femmes qui ont défendu la cause nationale algérienne jusqu'au bout. Il est temps que l'Algérie indépendante reconnaisse ses vrais enfants qui appartiennent également à d'autres nationalités à l'instar de Maurice Audin qui a préféré mourir sous la torture plutôt que d'abdiquer aux ordres des sanguinaires français. D'ailleurs, c'est l'objectif de l'Association des amis d'Alger Républicain qui veut rendre hommage à ces hommes oubliés…