Phénomène n Le contrôle intensif aux frontières, amène les dealers à se transformer en producteurs de drogues. Ce matin sur les ondes de la Chaîne III, le président de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a tiré la sonnette d'alarme sur les allures que prend le phénomène dans notre pays. Abdelmalek Sayeh a affirmé que notre pays est en passe de devenir un pays producteur de différents types de drogue après avoir été un pays de transit et, à un degré moindre de consommation. «C'est une évidence, avant l'Algérie était un pays de transit, maintenant elle commence à faire un pas vers le chemin de la consommation qui prend de l'ampleur. Et si nous ne maîtrisons pas les dealers et n'arrivons pas à sensibiliser nos jeunes, nous aurons des difficultés à juguler le phénomène, il y aura de la demande qui favorisera l'offre, donc la culture à grande échelle», a expliqué M. Sayeh. Les récentes découvertes effectuées par les services de sécurité sont mises en avant par l'orateur pour étayer ses propos. «Nous constatons la culture de pavot, d'opium à Adrar et d'autres région telles que Tizi Ouzou, Béchar, Batna… Des chiffres plus ou moins importants, mais le phénomène commence à prendre de l'ampleur». Les raisons de cette situation sont multiples selon le président de l'Onlcdt qui explique que le contrôle intensif aux frontières par les services de sécurité amène les dealers à inciter des fellahs à se convertir en producteurs de drogues. D'autant que plusieurs facteurs y sont favorables : immensité du territoire, relief inaccessible dans certaines régions, éloignement des lieux de culture des centres urbains donc des services de sécurité, connexion avec des réseaux étrangers… Concernant l'apparition des drogues dures dans ce pays, M. Sayeh ne le nie pas non plus, mais affirme tout de même que ce genre de drogues sont consommées par une certaine frange de la société seulement à cause de son prix excessivement élevé, contrairement au cannabis et aux psychotropes qui restent à la portée de toutes les couches sociales. Les statistiques établies par les services de sécurité indiquent clairement la prévalence des drogues douces mais aussi l'apparition des opiacés qui prennent de plus en plus d'ampleur. Ainsi, selon M. Sayeh, la quantité de cannabis saisie est passée de 9 644 kg en 2005 à 10 460 kg en 2006 et 5 tonnes de cette substance ont été saisies durant le premier trimestre de l'année en cours. Pour les drogues dures, l'on est passé de 7 g de cocaïne saisis en 2005 à 7 kg en 2006. Pour le président de l'Onlcdt, seules la prévention et la sensibilisation sont à même de permettre de juguler le phénomène. «La législation algérienne en la matière est au diapason de ce qui se fait dans le monde, la justice et les services de sécurité font leur travail, mais la prévention reste le meilleur remède», a-t-il asséné, appelant les familles à jouer pleinement leur rôle. Enfin, l'orateur a mis l'accent sur la nécessité de renforcer le contrôle, notamment aux frontières ouest du pays, même s'il reconnaît la difficulté de la tâche pour les services de sécurité. «Il faut être sur place pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène et constater que ce n'est pas facile. D'autant plus que les narcotrafiquants ont leurs astuces». M. Sayeh a estimé que les autres frontières (MaliNiger, Tunisie…) ne doivent pas non plus être négligées.