Un film documentaire, produit par l'Entreprise nationale de la télévision sur la vie et le parcours artistique de Cheikha Tetma, a été projeté à Tlemcen, en marge du premier festival national de la musique hawzi. La projection de ce film a été suivie par un débat animé par le réalisateur Merah Abdou, qui a traité des différentes étapes de la vie artistique de l'artiste ayant lutté pour l'émancipation de la femme dans la société conservatrice de l'époque. Les participants ont soulevé également le rôle de Cheikha Tetma dans l'enrichissement du répertoire de la musique hawzi à Tlemcen, connue pour sa richesse artistique. Cheikha Tetma, née en 1891 à Tlemcen, habitait au quartier populaire de Sidi Djebbar où elle a appris les rudiments de la langue arabe. Elle participa avec l'orchestre féminin El-Fouarat à des soirées artistiques familiales, avant de nouer des relations artistiques avec les grands chantres de la musique hawzi, notamment Cheikh Larbi Bensari, le poète Moulay Briss Medeghri et Cheikh Mohamed Dib. Avec un don inné pour la musique, Cheikha Tetma a fait l'objet, en revanche, de critiques de la part de ses proches et du milieu artistique qui l'ont contrainte à l'exil au Maroc en 1914. Sur place, l'artiste a renforcé son répertoire artistique par d'autres genres musicaux dont el-m'dih et el-hawfi, une forme de poésie féminine avant de revenir en Algérie où elle a pu enregistrer 60 disques de chansons écrites par les poètes El-Mendassi, Bensahla et Bentriki. Cheikha Tetma a également chanté avec l'artiste Abdelkrim Dali à Alger où elle a vécu plusieurs années avant de rejoindre Tlemcen où elle est décédée le 22 avril 1962 à l'âge de 71 ans.