L'Office national de la communication et de l'information (ONCI) organisera, demain à la salle El Mouggar à 16 heures, des activités en hommage à la regrettée grande dame de la musique hawzie, cheikha Tetma. Au menu de cet hommage, il est prévu une animation culturelle et artistique dédiée à celle qui est considérée comme l'une des voix exceptionnelles ayant ouvert le chemin à l'émergence d'autre voix féminines dans la musique andalouse. Ainsi, le coup d'envoi de cet hommage se fera au rythme des percussions d'une troupe de zorna. Un couplet musical dédié à cheikha Tetma, présenté par l'orchestre El Motribia sous la direction de Boualem Rachid, suivra. L'interprète de la chanson andalouse et hawzie, Zakia Kara Terki gratifiera l'assistance d'extraits du répertoire de la grande dame du hawzi. Après la première partie de ce récital, le public pourra assister à la projection d'un documentaire sur la vie de la chanteuse. Quant à la deuxième partie du récital, elle sera animée par Kamel Meziane et la grande interprète à la voix d'or Nadia Benyoussef. Outre le gala artistique, l'hommage à cheikha Tetma sera marqué par une exposition de photos, de documentations et de tenues traditionnelles dans le hall de la salle El Mouggar. De son vrai nom Fatma Thabet Deraz, cheikha Tetma est née en 1891 à Tlemcen. Suite à la séparation de ses parents dans son jeune âge, elle fut élevée au sein de la famille maternelle, les Bensari, une famille où la musique occupait une grande place. C'est vers l'âge de 10 ans que Tetma a découvert son don lorsqu'elle chantonnait en accomplissant les travaux domestiques. Sur un site qui lui dédié, des témoignages rapportent que «sa voix était tellement ensorcelante que les voisins ouvraient leurs fenêtres, qu'il fasse chaud ou froid, juste pour écouter la petite fille chanter». Ainsi, Tetma s'était d'abord fait une renommée au sein de sa propre famille, puis de son proche voisinage et, après un temps très court, dans toute la ville. Dès lors, elle entama une carrière artistique. Après avoir entonné des airs traditionnellement propres à la gente féminine tlemcénienne, notamment le haoufi, que les femmes de l'époque chantaient en poussant l'escarpolette ou en berçant leur bébé pour l'endormir, elle s'adonna à la musique andalouse et au haouzi. En plus de sa voix envoûtante, cheikha Tetma maîtrisait talentueusement le violon et la kouitra. En parallèle, elle possédait un appréciable niveau d'instruction en langue arabe, ce qui lui permit d'interpréter les plus beaux poèmes de l'époque. Elle créa son propre petit orchestre composé de quelques éléments, dont le virtuose du piano, le regretté Djilali Zerrouki. Elle devint célèbre à Tlemcen puis au niveau national. Plus tard, Abdelkrim Dali l'intégra dans son orchestre à Alger où elle était très appréciée de ses consœurs, Maalma Yamna, Tamani, Meriem Fekkai, Reinette Daoud et la jeune élève Fadhela Dziria. Cheikha Tetma enregistra plus d'une cinquantaine de disques et sa renommée dépassa même les frontières nationales. Elle mourut quelques mois avant l'indépendance de l'Algérie à l'âge de 71 ans. Près de cinquante ans après sa disparition, la voix exceptionnelle de cheikha Tetma résonne encore dans le cœur de tous les amoureux du chant hawzi et de la musique andalouse. S. A.