De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi La deuxième édition du Festival national de la musique hawzie a été inaugurée mercredi soir dernier par les responsables et les artistes Zakia Kara Turki et Hadj Kacem qui ont ouvert le bal. Cette deuxième édition a invité des artistes de tous genres à participer à l'ambiance de cet événement haut en couleur. En cette nuit de début d'été, le Grand Bassin vivait une ambiance de fête foraine. Les familles y affluaient avant même le début de la manifestation. L'ambiance s'annonçait très chaude avec un public chaleureux estimé à plus de 6 000 personnes, venu savourer les envoûtantes mélodies de la musique hawzie. Tout autour du Grand bassin, photographes et public tenaient à ne rien manquer de cet événement. Une ambiance survoltée y régnait avant le début du concert. La foule applaudira à tout rompre l'entrée de Zakia Kara Turki qui, émue par la chaleur de l'accueil, dira : «Je suis fière et contente d'être parmi vous aujourd'hui.» Le hawzi algérien est un peu la vulgarisation de la musique andalouse du pays, un dérivé, ont écrit des spécialistes qui indiquent que c'est après la Reconquista, quand déjà les musulmans étaient retournés dans divers pays du Maghreb, que certains poètes ont écrit des poèmes en langue dialectale. Ces poèmes et les mélodies qu'ils empruntent aux noubas s'appellent hawzi, un genre qui ressemble au chaabi. On distingue cependant le hawzi plus raffiné dérivé de la sanaa du hawzi plus populaire, proche du monde rural. Cette musique reste de nos jours très prisée à Tlemcen, et la ruée qu'a enregistrée le Grand Bassin en ce premier jour du festival en est la preuve tangible. Depuis l'annonce de ce festival, la capitale des Zianides s'est transformée en un vaste chantier tant les organisateurs tenaient à réussir cette deuxième édition. Cette effervescence a donné à la ville un air de fête ininterrompue. La bonne ambiance est partout, de la maison de la Culture en passant par le centre de la ville jusqu'au saridj M'bedda (le Grand Bassin). Le parcours est jalonné par des vendeurs de glaces et de cafétérias où les citoyens peuvent se rafraîchir en attendant le début des concerts. Toute la ville est entièrement quadrillée par un dispositif policier des plus sécurisants. On entend le grésillement des talkies-walkies dans tous les coins de la ville. La deuxième soirée sera animée par les troupes des associations El Fen El assil de Khemis Meliana, El Mizharia de Laghouat et El Kortobia. En marge du festival, durant l'après-midi de jeudi dernier, le responsable de la société d'édition audiovisuelle internationale Maison PAI, Mrah Abdelatif, a procédé à la projection du film documentaire Mémoires du hawzi sur cheikh Larbi Bensari. D'une durée d'une heure vingt minutes, le documentaire de Mrah Abdelatif présente cette figure légendaire de la musique tlemcénienne, une icône que nul ne peut oublier car, selon M. Mrah, il s'agit d'un géant de la musique andalouse, un personnage qui reste le symbole de l'école de Tlemcen et un maître incontesté dans cet art. Larbi Bensari, chantre de cette musique traditionnelle, a grandement contribué à la préservation de ce patrimoine musical d'une valeur inestimable. L'artiste avait une parfaite maîtrise des déclinaisons en chants. Le film, suivi par de nombreux spectateurs, montre à travers des témoignages vivants que El hadj Larbi Bensari est désormais considéré comme le père spirituel de cette musique. Abdelatif Mrah qui est un natif de Tlemcen reste l'unique réalisateur connu pour des travaux audiovisuels en hommage à cheikha Tetma, cheikh Redouane, Larbi Bensari, et qui possède un savoir riche, dont un documentaire sur la musique andalouse. Durant la journée d'hier, trois autres formations sont entrées en compétition. Il s'agit des troupes des associations El Meghdiria de Mascara, El Motribia de Blida et Ettarab El assil de Tlemcen. Pour les activités parallèles, cette journée a vu la tenue d'une conférence dont le thème était «le hawzi, un art toujours debout» que présentera Hamedi Mohamed pour retracer l'histoire de cette musique. Le conférencier, à travers une approche sur les chants hawzis, évoquera l'orientation de ce genre et dira que le hawzi appartient au paradigme des variations de la matrice que constitue cette approche poético-musicale explicite. M. Hamedi tentera de définir cet art dont les caractéristiques embrassent la nature du discours poétique qui lui sert de support et puise dans le muwachah associé au zajal ses mouvements rythmiques et ses modes. Pour la journée d'aujourd'hui, deux formations sont attendues sur le saridj M'bada. Il s'agit de l'association Essalem de Nedroma et de Ahbab cheikh Larbi Bensari de Tlemcen.