Résumé de la 11e partie n La mise en service du «Titanic» est prévue pour le 20 mars 1912, mais un imprévu va obliger les responsables de la compagnie à repousser cette date jusqu'au 12 avril. Le 12 avril donc, le «Titanic» quitte l'Angleterre. Regroupés sur les ponts, les voyageurs, fiers d'embarquer sur le plus grand et le plus puissant bateau du monde, saluent la foule amassée sur les quais de Southampton. «Au revoir, au revoir !» C'est un spectacle magnifique que de voir ce géant aux grandes cheminées noires bordées de rouge fendre l'océan. C'est une fierté pour l'Angleterre d'avoir construit une telle merveille, c'est aussi une fierté pour le génie créateur de l'homme qui, une fois encore, a démontré sa capacité d'innovation... Une fois en pleine mer et les côtes d'Angleterre disparues, les passagers – du moins ceux qui n'ont pas le mal de mer — commencent déjà à s'affairer : on va dans les bars boire un verre à la santé du «Titanic», on se rend dans les boutiques, on se prélasse dans les fauteuils des salons, chacun, bien entendu, dans les limites de sa classe. Tout ce beau monde, qu'il soit de la première, de la deuxième ou de la troisième classe, est content. Tout le monde ? Non. Accoudé au bastingage, un passager, William Stead, broie du noir. D'autres voyageurs, qui le connaissent, s'approchent de lui : «Voyons, William, qu'avez-vous ? Le mal de mer ? — Non, répond l'homme, sans lever la tête. — La nostalgie ? Allons, nous quittons la vieille Europe pour le Nouveau Monde, vous devriez, au contraire, vous réjouir !» L'homme lève la tête et regarde son interlocuteur : «Me réjouir, alors que je suis promis à une mort certaine ? — La mort ? Pourquoi parlez-vous de mort, alors que vous êtes encore jeune et en bonne santé ? — Ce n'est pas de maladie ou de vieillesse que je vais mourir, hélas, mais dans une catastrophe ! Ce navire va couler !» On le regarde, d'abord interloqués, puis on éclate de rire. «Et pourquoi, William, voulez-vous que ce bateau coule ? C'est le plus perfectionné et le plus sûr du monde ! — Il coulera ! Ne me demandez pas de vous dire pourquoi mais je sais qu'il coulera et que nous serons des centaines à y laisser la vie !» Un autre homme approche, brandissant un livre à la couverture froissée : «Ce n'est qu'un roman, écrit il y a quatorze ans, mais un roman prémonitoire : il raconte le naufrage d'un bateau appelé ”Titan” et en tout point semblable au ”Titanic”. Le ”Titan” est dit insubmersible et pourtant il a coulé ! — Allons, dit un homme, ce n'est qu'une coïncidence... — Le ”Titanic” va couler ! Un membre de l'équipage approche. — Taisez-vous, monsieur, si vous continuez à alarmer les passagers, j'en aviserai le capitaine qui vous mettra aux fers !» (à suivre...)