Le vêtement est donc ce qui sépare la nature, le sauvage, de l'homme. Dans toutes les cosmogonies, l'homme est créé nu et c'est la confection des vêtements qu'il découvre seul ou que lui apprend à fabriquer une force supérieure qui le fait entrer dans la civilisation, c'est-à-dire la culture. Des peaux de bête enroulées autour du corps de la préhistoire aux jeans modernes, les vêtements ont évolué, à travers le temps, les pays et les cultures, mais ils ont partout gardé les mêmes fonctions symboliques : cacher et montrer. Cacher des parties du corps que des tabous ou la bienséance interdisent de montrer, à l'inverse les éléments constitutifs de la société où on évolue : fonctions sociales (gandoura et turban du hadji, soutane du prêtre), caractéristiques professionnels (robe de l'avocat, uniformes policiers ou militaires). Aujourd'hui, dans les sociétés modernes, le vêtement a tendance à perdre sa fonction. A l'exception des corps constitués comme la police ou l'armée, les distinctions ne se font plus de façon systématique : ainsi les prêtres ont abandonné la soutane au profit des vêtements civils, les écoliers ne portent plus d'uniforme caractéristique, y compris le tablier censé les protéger de la craie, mais qui indiquait aussi leur statut d'écolier. Dans les pays du tiers-monde, le costume européen a tendance à remplacer les vêtements traditionnels qui, eux, distinguaient les différentes catégories sociologiques : religieux, dignitaires, enseignants, juristes, domestiques, etc.