Rappel n La stratégie adoptée vers la fin des années 1980 et à laquelle les pouvoirs publics ont aussitôt renoncé a donné libre cours à un retour en force des populations. En 1986 une décision a été prise par les pouvoirs publics pour recenser toutes les poches abritant des bidonvilles à travers la capitale. Suite à cette opération qui a permis de constituer une banque de données bien détaillée sur ce phénomène, certaines familles ont été relogées à la périphérie d'Alger, alors que d'autres ont été transférées vers leurs communes d'origine. Cette stratégie aurait pu, si elle avait été poursuivie, réduire de l'acuité du phénomène de l'habitat précaire, selon Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes (Cnea). Pour lui, le problème persiste car il s'agit d'une crise de gestion. En s'installant à Alger, «les familles venues de l'intérieur du pays ont transféré avec elles toutes les traditions et la culture rurale. Ce constat est aussi valable pour leurs enfants, mais dans le sens opposé. En effet, une fois de retour dans leurs villes natales, ces derniers qui véhiculent une culture étrangère, ont tenté, tant bien que mal, de se réadapter», explique-t-il. Cette stratégie entamée vers la fin des années 1980 et à laquelle les pouvoirs publics ont aussitôt renoncé a donné libre cours à un retour en force de toutes ces populations qui se sont vues doubler, voire tripler avec la décennie noire. Une situation qui a généré de nombreux fléaux, outre l'exclusion et la dilapidation d'une ressource foncière de plus en plus rare dans nos grandes villes. Ce type d'habitat n'est cependant pas l'œuvre de l'après-indépendance puisqu'il remonte à bien avant la deuxième guerre mondiale, et le fameux grand bidonville Gorias à El-Harrach occupé, essentiellement, par des gitans qui vivaient du commerce informel. «Ces derniers ont remarquablement sympathisé avec la population locale qui, à son tour, a appris à construire ce type de baraque et à vivre dans ces conditions», rappelle M. Boudaoud. Les premières cités de recasement destinées à reloger les ménages des bidonvilles date de 1940 telles que Climat-de-France ou Scala à El-Biar, conçue par l'architecte Socar. Il est utile de rappeler dans ce sillage, que de 1932 à 1947 seuls 800 logements ont été réalisés pour une demande de 20 000 ménages. Cela dit, la crise de logement est en amont. Inutile de rappeler, toutefois, que l'administration coloniale construisait en premier lieu pour ses enfants. Les indigènes venant du monde rural à la recherche d'un travail, quant à eux, se sont implantés un peu partout au centre et à la périphérie d'Alger-centre en construisant des bidonvilles. A l'indépendance, les 7 800 000 logements qui se sont vidés ont été vite occupés par les Algériens, «mais sans oublier le réflexe de bidonville devenu, au fil du temps, un véritable commerce», poursuit notre interlocuteur pour qui la solution pour la lutte contre «la bidonvillisation» de nos grandes villes réside dans la mise en place d'une stratégie nationale qui encouragerait l'habitat rural, semi-urbain et l'aide à la réhabilitation du logement .