Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Dans le cadre d'un programme d'intervention pour lutter contre les bidonvilles dans la région de Tlemcen, plusieurs opérations de démolition ont été menées au niveau des différents quartiers. Cette stratégie bien définie, suite aux instructions du président de la République qui a déclenché la guerre aux bidonvilles, s'est caractérisée dans la wilaya de Tlemcen par l'octroi de logements de type rural et des aides d'aménagement.Avec les démolitions qui ont eu lieu à travers les localités de Maghnia, Ouled Mimoun, Mansourah et Remchi, on déduit que les actions de lutte contre les bidonvilles ont commencé. Le bidonville a une dimension juridique en ce qui concerne l'acte d'occupation illégale du sol et la construction même de l'habitat. Des terrains sont pris d'assaut et construits sans autorisation, mais surtout sans aucune viabilisation, plan d'occupation… d'où l'apparition de l'insécurité et de maladies. A travers la wilaya, pas moins de 79 quartiers ont été recensés, dont la plupart ont été pris en charge pour un éventuel assainissement et une régularisation de la situation urbanistique. Mais cela n'a pas empêché le fléau de prendre de l'ampleur dans certaines communes, surtout dans les régions déshéritées et rurales… A voir ces constructions illicites pousser comme des champignons tout autour des périmètres des grandes agglomérations, on ne peut qu'avoir au final une ville sale, de l'anarchie dans le bâti et le tracé des rues, des dangers à cause de la mauvaise évacuation des ordures et des eaux usées. A travers le territoire de la wilaya de Tlemcen, de nombreux bidonvilles se sont installés sur des sites non adéquats, notamment aux abords des oueds, exposés aux dangers des crues, dans des zones polluées où les habitants vivent dans des conditions déplorables. Et les premières tentatives d'amélioration de la part des pouvoirs publics n'ont pas encore apporté le changement attendu. Le plus gênant dans cette situation est que bon nombre de citoyens construisent des baraques pour s'assurer un logement décent qu'ils revendront aussitôt pour aller se construire, ou acheter - car c'est un véritable marché informel de vente et d'achat de baraques de bidonvilles qui est mis en place- une autre baraque dans un autre bidonville. Par contre, d'autres, plus nécessiteux, ne parviennent pas à obtenir un logement ou l'aide au logement rural. Ces populations, plongées à leur corps défendant dans la misère, voyaient, impuissantes, un rêve devenir un mirage alors que les pouvoirs publics parlent de soutien pour un habitat décent et correct pour cette catégorie de gens. Au niveau de ces quartiers illicites, la plupart nés lors de l'exode forcé des années 1990, la vie n'est guère reluisante. Faut-il se résigner à dire adieu au projet et au rêve de dizaines de milliers de pauvres qui végètent toujours dans ces bidonvilles , vivant un véritable calvaire en toute saison, notamment durant celle des pluies où l'eau envahit littéralement toutes les maisons ? Une visite à l'intérieur d'un quelconque quartier nous renseigne clairement sur la précarité des conditions de vie des habitants dans ces enchevêtrements de maisons construites pêle-mêle et baignant dans la fange et les eaux usées. Certains quartiers, malgré des budgets destinés à améliorer le cadre de vie des populations qui y résident, manquent d'équipements d'assainissement des eaux usées, de routes, de gaz, d'électricité. Et la crise du logement social perdure. Les mal-logés battent des records avec des demandes qui datent de plusieurs années. C'est l'une des sources de la bidonvilisation. Mais il y a aussi la question récurrente de l'absence de transparence dans l'attribution des logements tous types confondus, provoquant des émeutes à chaque affichage des listes des bénéficiaires. Avec l'éradication de tous les bidonvilles, le moins que l'on puisse dire est que cette donne va sérieusement changer la situation, et les quartiers illicites, considérés comme une honte, une fois détruits, permettront une valorisation des citoyens qui y vivaient dans des conditions de promiscuité, de voisinage inhumaines et de conditions insalubre. En effet, les déséquilibres engendrés par une urbanisation mal contrôlée ont provoqué ces excroissances, véritables poches de marginalité que les pouvoirs publics ont bien mal maîtrisées. Échappant à toute réglementation, les pouvoirs publics doivent mettre de grands moyens afin d'éliminer ces îlots d'habitation peuplés d'exclus. Malgré de l'existence d'un programme conséquent pour la résorption de l'habitat précaire sur l'ensemble de la wilaya de Tlemcen, force est de constater que le calvaire de la population des bidonvilles se poursuit. En effet, des centaines de familles issues essentiellement de l'exode des années 1990 «habitent» toujours dans des baraques de fortune dépourvues des conditions de vie les plus élémentaires.