C'est la troupe d'Adrar, Fen El-Khachaba qui avait ouvert, dimanche, le bal de la compétition officielle du Festival du théâtre amateur de Mostaganem, avec la pièce La mort du conteur. Ecrite par Mohamed Abou Maânouk et mise en scène par Abdelâli Koudid, la pièce fait référence au patrimoine populaire de la région d'Adrar. Ce patrimoine ancestral apparaît à travers chant, musique et danse, et aussi à travers contes et croyances. Il apparaît également à travers costumes et décors. Celui-ci renvoie aux couleurs et aux symboles des sociétés du Sud.La pièce raconte l'histoire de cinq personnes qui, comme cela se faisait par le passé, se réunissent dans un café autour d'un meddah. Un conteur qui, pour égayer l'assistance, raconte des histoires. Il leur fait part de croyances et de légendes, il leur chante proverbes et paraboles, le tout puisé dans cette culture populaire et ancestrale. Ainsi, le metteur en scène s'est livré à l'emploi du patrimoine et du folklore sur scène. «Cette pièce est une recherche d'un théâtre populaire», dira le metteur en scène, ajoutant que «c'est une recherche d'un théâtre authentiquement ancré dans la tradition populaire et le patrimoine culturel de la région d'Adrar. C'est pour relever notre identité et notre spécificité culturelle.» La pièce traite, en outre, de «ce qu'on a tendance à oublier, c'est-à-dire l'esprit de la collectivité», a souligné le metteur en scène. Cette collectivité est pleinement cristallisée par la halqa ; et le conteur constitue le lien entre les membres de l'assistance. Sans lui, pas de halqa. Au début de la pièce, el hakawati (le conteur) réunit autour de lui une assistance nombreuse, il y a donc un lien social et culturel qui se tisse entre le public. Mais plus tard, et une fois qu'el hakawati est mort, l'on assiste à la dissolution du groupe, donc à la fin d'une époque. La mémoire est vouée à l'oubli, à la perdition, puisque c'est el hakawati qui était le garant et le dépositaire de la culture, de l'histoire de la communauté. Par voie orale, il transmettait à tous l'héritage des ancêtres. Mais la mort d'el hakawati ne signifie pas la fin tragique de la collectivité, puisqu'il est remplacé par son fils. L'idée d'expérimenter le patrimoine sur scène, de l'utiliser comme démarche théâtrale se révèle en soi une initiative intéressante, mais la manière dont il a été employé s'est avérée lacunaire : la pièce a duré une heure et demie de temps, donc le jeu traînait en longueur et créait des moments de lassitude. Quant à la mise en scène, elle était usuelle, quelconque, voire d'une banalité déconcertante. La pièce contenait, par ailleurs, une surcharge de référents culturels, elle s'en encombrait jusqu'à rendre son déroulement touffu et confus – et parfois déroutant. Par ailleurs, la pièce a pris des allures folkloriques : le public était confronté à des images stéréotypées d'une culture populaire. Cela diminuait systématiquement de sa dimension culturelle, d'une part, et, d'autre part, de sa valeur théâtrale.