Résumé de la 5e partie n Plusieurs versions de l'épopée de Djazia ont été relevées en Tunisie. L. Saâda a recueilli plusieurs versions orales, enregistrées dans différentes parties de la Tunisie qui, ne l'oublions pas, est le théâtre souvent cité de la geste hilalienne. Dans une version relevée à Salacta, dans le Sahel tunisien, Dhiyâb, qui est sans doute amoureux de Djazia, va, avec sa sœur, s'installer près du campement de Djazia. Cependant, celle-ci est convoitée par un magicien juif à qui Dhiyâb a pris la jument. Un jour, le magicien parvient à s'introduire dans le campement. Il s'approche de Djazia et lui montre une jolie bague : «Elle irait bien à ton doigt ! Elle prend la bague et l'essaye. Or, c'est une bague magique qui lui fait aussitôt perdre la tête. Elle suit aussitôt le juif qui l'emmène avec lui. Alerté, Dhiyâb les suit. Il les rejoint et reprend Djazia. Mais la jeune femme n'est pas pour lui puisqu'elle est promise au prince Chérif. C'est un être difforme que Djazia n'aime pas et qu'elle cherche à quitter. Comme elle sait qu'il aime jouer aux cartes (dans d'autres versions, il s'agit d'échecs) elle lui propose une partie. «Quel est sera l'enjeu ? demande l'époux — Le perdant se mettra nu devant le gagnant !» L'homme accepte la proposition, sûr de gagner la partie, mais c'est Djazia qui gagne. Chérif est horrifié à l'idée de se déshabiller devant sa femme et de découvrir son infirmité. Djazia lui propose alors ce marché : «Tu ne te déshabilleras pas, mais, en échange, tu me laisseras rendre visite à ma famille !» L'homme accepte le marché et voilà Djazia dans sa tribu, avec l'intention de ne plus retourner chez son époux. Les jours passent et comme la jeune femme ne rentre pas, Chérif se décide à aller la chercher. Mais les amoureux de Djazia ne veulent plus la laisser repartir. Ils tuent le cheval de Chérif. Djazia, obligée de choisir, finit par se donner la mort. Ainsi, elle n'appartiendra à personne ! Dans d'autres versions, on fait intervenir d'autres personnages. Ainsi, par exemple, Dhiyâb doit combattre un ogre qui décime les troupeaux des Hilaliens. Le personnage de l'ogre se retrouve également dans des récits algériens. Dhiyâb est parfois mis en rapport avec la fille du zénète Khlifa, qu'il charge de message pour son père. Des messages parfois sous forme d'énigme, comme dans ce récit où il lui donne du fil et une aiguille ! On parle du cheval de Dhiyâb qui est souvent une jument, appelée Khadra (la verte) ou Baydha (la blanche), à laquelle le Hilalien procure tous les soins. Quand elle est tuée par le Berbère Khlifa, il l'enveloppe dans un linceul en soie et sacrifie en son honneur quatre-vingt-dix chamelles ! Dans la plupart des récits, Dhiyâb tue le zénète Klifa mais c'est Djazia, elle-même, qui se tire des griffes de son époux en lui proposant un jeu dont l'enjeu est le déshabillage du perdant. Elle gagne et propose à son époux qui redoute de se mettre nu, parce qu'il est difforme, de la laisser, en échange, rendre visite à sa tribu. Elle ne retourne plus chez son mari. Dans certaines versions Dhiyâb épouse Djazia, dans d'autres il la tue ou alors la jeune femme se suicide. (à suivre...)