Résumé de la 4e partie n Plusieurs manuscrits racontent les pérégrinations de la belle Djazia et de sa tribu, les Banû Hilâl. Avant de passer à la tradition algérienne, nous évoquerons la belle Djazia dans la tradition libyenne, tunisienne, ainsi que dans d'autres versions maghrébines et sahariennes. La version libyenne figure dans le Kitâb al Adouâni, présenté par Féraud. L'histoire est vue, pour une fois, du côté arabe et non hilalien et ce sont les Berbères qui sont loués. Le héros n'est plus Dhiyâb al Hilali mais son adversaire, Khlifa al Zénati. C'est lui le vaillant guerrier, à la fois beau, fort et loyal qui respecte la parole donnée et parvient à déjouer les pièges du Hilalien, à la fois fourbe et sournois. Il a épousé, au cours d'échanges matrimoniaux la belle Djazia, qui est réellement éprise de lui. Quand la guerre éclate entre les Hilaliens et les Zénètes, Djazia est aux côtés de son époux. Cependant, à la fin de la bataille, elle rejoint les siens. On dispose de quelques récits tunisiens, relevés, au siècle dernier et de plusieurs versions orales, enregistrées ces dernières décennies. Le docteur Provotelle a relevé dans la région de Gafsa deux textes en berbère qui, comme le texte libyen cité ci-dessus, donne le point de vue berbère glorifiant ses héros. Une autre recension a été réalisée en 1927 par A. Guiga. Ici, on raconte, comme dans la version égyptienne (voir articles précédents) la naissance de Abû Zayd, l'enfant noir, que son père refuse de reconnaître et qui devient le héros des Banu Hilal. La belle Djazia est mariée au chérif de La Mecque, qui assure nourriture et protection à sa famille. Mais une année de disette, le chérif a juste de quoi nourrir les siens. Alors, les Banû Hilal décident de quitter l'Arabie, à la recherche de territoires plus cléments. Avant de partir, ils font enlever la belle Djazia, bien de la tribu, juste utilisée comme pièce d'échange, et que l'on reprend quand on n'a plus rien à gagner. La tribu a décidé de se rendre au Maghreb, où, lui a-t-on dit, coulent des fleuves intarissables et poussent des pâturages à perte de vue... Mais avant de s'engager dans un long et périlleux voyage, on veut s'assurer que le Maghreb est réellement ce qu'on dit. On envoie en éclaireur Abû Zayd el Hilali et ses trois neveux. Après plusieurs mois d'attente, Abû Zayd rentre seul. On apprend que deux de ses neveux ont été tués et que le troisième est retenu prisonnier à Tunis. Mais le Maghreb, dit-il, est le pays qu'il faut pour les bédouins affamés. La tribu s'ébranle, hommes, femmes, enfants et bétails, en direction du vert Maghreb Après avoir traversé l'Egypte, puis la Libye, la tribu arrive aux portes de la Tunisie. C'est alors le déferlement, la destruction des villes et des villages, l'accaparement des terres... Après la guerre vient le temps de la conciliation et Djazia est donnée aux chef des Berbères, Khlifa al Zénati. Mais, à lui aussi, on l'enlèvera, au moment opportun, parce que Djazia appartient à la tribu ! (à suivre...)