De notre envoyé spécial à Mostaganem Yacine Représentation n Chitan fi halqa est l'intitulé de la pièce qu'a présentée, vendredi, la troupe de Aïn Defla et qui vient clôturer le cycle des compétitions du festival. Ecrite par Tewfik el-Hakim, adaptée et mise en scène par Ahmed Belaâlam, la pièce se dit à la manière d'un conte populaire, d'une halqa : des troubadours, hommes et femmes, vont, au hasard des chemins, d'un village à l'autre, d'une ville à l'autre. Ils envahissent par leur présence les places publiques, attirent l'assistance et commencent à raconter dans un langage populaire et chargé de verbes, de dictons, de paraboles et de moralité des histoires. Pour faire vrai, ils mettent en scène leur conte : selon les besoins de l'histoire, ils jouent la situation, ils interprètent les personnages qu'ils racontent. Colorée et plein d'entrain, la pièce, qui évolue dans un mouvement continue, met en scène le personnage de Satan qui fait son apparition dans des situations conflictuelles : il intervient au sein d'un couple en pleine dispute, cependant non pas pour s'immiscer dans leur relation conjugale en vue de l'envenimer et, du coup, séparer le couple, mais pour chercher de l'aide auprès de l'homme qui est un philosophe et d'une grande sagesse. Car l'humanité est menacée. Une guerre d'envergure planétaire est sur le point de se déclarer. La fin du monde est proche. Cela revient à dire que la fin de Satan, que le Jugement dernier, son jugement, est pour bientôt. La forme de la pièce est calquée sur le modèle de la halqa, cette forme théâtrale que Abdelkader Alloula a pensée et puisée dans les formes théâtrales d'expression populaire. La pièce revêt un caractère populaire – et aussi un aspect folklorique puisqu'il met en scène la forme d'expression orale. Il y a donc une référence au patrimoine de la culture populaire, notamment le patrimoine immatériel. Ce dernier fonctionne de manière à mettre en exergue sa spécificité, donc l'esprit de la collectivité, à savoir la halqa.La mise en scène se révèle, elle, dirigée et assurée : le jeu est fluide, léger, agissant (sur le public), dynamique. Il est question d'une interprétation palpable, évitant ainsi les sinuosités scéniques. La pièce est rendue digeste grâce aux rapports qu'entretient le couple, rapports faits d'humour. La pièce vire parfois à la comédie – et même à la dérision, donc à la caricature.