Ll-ewled ula ll-et'fla ? (C'est pour une fille ou pour un garçon ?) Cette question est devenue rituelle quand on entre dans une boutique de prêt-à-porter pour enfants. A la réponse, la vendeuse va guider le client vers les rayons. Certes, il y a des vêtements strictement féminins, comme les robes ou les bas, mais, pour les très jeunes enfants, un grand nombre de vêtements sont communs aux deux sexes : brassières, grenouillères, pyjamas... Ici, c'est la couleur qui va faire la différence entre les sexes, ou plutôt deux couleurs : le rose et le bleu. La première, lkhokhi, est pour la fille et la seconde, lzreq, est pour le garçon. Les filles peuvent porter le bleu, mais les garçons ne peuvent porter le rose. Et cette «discrimination» va les suivre jusqu'à l'adolescence et l'âge adulte ; seuls les adolescents «branchés» dérogent à la règle en mettant pulls et chemisettes roses, mais ils sont souvent mal vus par leurs pairs. Aujourd?hui, la discrimination des deux couleurs se retrouve même dans les mariages : dragées roses dans les paniers de gâteaux offerts par la fille et bleues dans ceux offerts par le garçon ! Le vêtement de couleur blanche, lui, est porté par les deux sexes mais c'est surtout la couleur du mariage. Si le fiancé peut porter un costume noir ou gris, la fiancée, elle, après avoir exposé toutes sortes de robes aux couleurs chatoyantes, doit porter la robe blanche. Robblanch, dit-on, empruntant le mot au français. Cette tradition, qui paraît ancienne, ne s?est, en fait, imposée qu?il y a quelques décennies : il y a encore longtemps, le costume de la mariée variait d'une région à une autre, avec des tissus de toutes les couleurs. C'était aussi le cas en Europe où la robe blanche ne s'est imposée qu'au début du XXe siècle.