Ambition n La nouvelle stratégie industrielle vise à long terme à corriger les erreurs du passé. Mais le renouveau industriel sera difficile à mettre en œuvre. L'industrie algérienne a été victime de restructurations mal faites sans vision stratégique et sans mécanismes de connaissance. C'est Mohamed Bahloul, DG de l'Institut de développement des ressources humaines qui a dressé ce matin un constat sévère sur les ondes de la Chaîne III en déplorant «l'incompétence et l'absence de référence à l'analyse dans les différentes restructurations et l'assainissement des entreprises publiques». L'expert, qui est aussi l'un des rédacteurs du document de la stratégie industrielle récemment adoptée par le gouvernement déplore «les fautes stratégiques lourdes commises à travers la suppression des effets de taille, des pôles de compétitivité et de croissance». Selon Mohamed Bahloul, qui cite les propos d'un économiste sud-coréen, «l'industrie algérienne était en nette avancée durant les années 1970, notamment dans la pétrochimie, la sidérurgie et l'électronique». Mais les graves séquelles laissées par les restructurations des années 1980 «seront difficiles à corriger», selon cet expert qui pense «qu'il faut 20 ans pour le renouveau industriel en Algérie». Pour preuve, il souligne que «92% des PME, qui ont des effectifs de moins de 10 personnes, ne peuvent soutenir une industrie compétitive». Il reste donc les possibilités à exploiter du secteur public en démarrant du «potentiel déjà existant». Alors pour ce spécialiste, il n'y a que trois solutions à envisager. «La première consiste en la spécialisation soit comme partenaires stratégiques soit comme sous-traitants pour les grands groupes industriels du monde». Pour cela, la deuxième mesure à envisager doit «trouver les moyens pour soutenir les branches les plus importantes avec un pôle technologique et une qualification des ressources humaines». Tout cela doit être intégré à une troisième démarche nécessaire qui consiste «à travailler sur un nouveau système productif qui donne aux zones industrielles des branches distinctes intégrant aussi la recherche universitaire et technique». Mohamed Bahloul plaide en effet pour «un modèle institutionnel et des ressources humaines qu'il faut mobiliser et valoriser». Dans cette logique, l'Etat et le marché restent, selon ses dires, les deux moyens dont dépend la stratégie industrielle du futur.