Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, multiplie ces derniers jours les sorties médiatiques afin de convaincre l'opinion publique du bien-fondé de sa stratégie industrielle. Les diverses révisions subies par ce “programme industriel national” ont contraint le ministre à user de tous les atouts en sa possession pour séduire les observateurs très au fait, quant à la justesse de sa démarche. Or, les corrections récurrentes apportées ont donné lieu à des contradictions, décrédibilisant ainsi la politique industrielle prônée par M. Temmar. La copie revue et corrigée du document est, encore une fois, contestée par de nombreux spécialistes. Abdelhamid Temmar a indiqué samedi dernier que la stratégie a été déjà mise en œuvre depuis deux ans. Mais force est de constater que les actions entreprises dans ce sens ne sont pas visibles. La nouvelle version prévoit, a-t-il souligné, une densification industrielle intense du pays. De manière plus concrète, il sera procédé à la création de 29 wilayas qui deviendront des zones intégrées de développement industriel (Zidi). Cinq wilayas ont été sélectionnées pour entamer un travail pilote. Il s'agit d'Annaba, Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Oran et Blida. “Nous allons ajouter très bientôt Sidi Bel- Abbès, Ghardaïa, Tlemcen et Constantine”, a-t-il affirmé. Si le choix de ces wilayas a été motivé, selon lui, par les potentialités industrielles qu'elles recèlent, il n'en demeure pas moins que d'autres pôles, édifiés dans certaines régions voire localités sont autant, sinon plus “industriels”. L'exemple le plus édifiant est Béjaïa. Cette wilaya est d'abord réputée pour son avantageuse situation géographique. Bougie dispose de toutes les infrastructures de base et autres commodités notamment son port, ses zones d'activité, ses terrains, ses routes… Une chose est certaine, elle offre toutes les conditions nécessaires aux investisseurs désireux d'y investir et d'y lancer des projets. Son riche potentiel industriel est également animé par des groupes de renommée mondiale. L'on peut citer Cevital, Danone, Soummam… qui approvisionnent les marchés, national et international, de leurs produits agroalimentaires. Cette image peut être transposée vers toutes les régions aux fortes potentialités industrielles. En termes plus clairs, l'apport du secteur privé dans le développement de l'industrie algérienne ne doit être aucunement négligé. Aussi, M. Temmar gagnerait-il à accompagner l'investisseur privé national en lui accordant tout l'intérêt nécessaire et en lui consacrant une partie considérable dans sa stratégie. Car, faut-il le rappeler, ce sont ces opérateurs économiques qui garantissent la création de richesses, des postes d'emploi et de la valeur ajoutée. D'ailleurs, c'est sur ces véritables capitaines de l'industrie que le ministre pourra s'appuyer pour réussir son objectif primordial, à savoir la densification industrielle du pays. Ce n'est pas l'avis d'Abdelhamid Temmar qui a avoué : “pour concrétiser la nouvelle stratégie industrielle, le gouvernement a décidé de s'appuyer sur le secteur public qui dispose d'une activité industrielle.” Pour lui, le “secteur privé est dans l'industrie facile”. Le premier responsable du département de l'industrie a donc annoncé la couleur et la préférence est aussitôt affichée : soutien total au secteur public au détriment du privé. Cependant, une telle option va à contresens des orientations de l'exécutif qui a toujours privilégié l'idée rassembleuse d'une “entreprise algérienne” sans aucune distinction de quelque nature que ce soit. Ainsi, les 60 millions d'euros injectés dans le secteur de la mécanique pour le développer et le Groupement industriel des ciments d'Algérie créé constituent deux éléments qui renseignent clairement sur la faveur dont bénéficiera davantage le secteur public à travers cette stratégie.