Résumé de la 1re partie n Après avoir hérité de son mari millionnaire, Lucienne demande au commissaire-priseur de lui vendre quelques meubles de valeur. Lucienne est ravie... Elle téléphone à Mme Herbelin pour lui annoncer la concrétisation de ses prédictions. La voyante, au bout du fil, reste silencieuse pendant un moment : — Qu'en pensez-vous, chère madame Herbelin ? — Quelque chose me chiffonne. Le gouvernement va vous mettre des bâtons dans les roues. Vous risquez d'être déçue. Mauvaise nouvelle mais les choses suivent leur cours. La galerie Charpentier publie un catalogue illustré. La vente est fixée pour une date précise Mme Herbelin avait raison. Le jour de la vente arrive. Les salons de Charpentier sont pratiquement déserts. La raison en est simple: le gouvernement vient de sauter. On parle d'une dévaluation du franc. Les acheteurs éventuels sont Ioin de se bousculer pour acquérir les trésors laissés par Raymond à sa chère Lucienne. Elle n'a pas donné de prix de réserve et tout part pour à peine la moitié du prix qu'il eût été raisonnable d'en attendre. Après cela, Lucienne Lonjubeau empoche quand même quelques millions. Moins que prévu mais suffisamment pour lui permettre... l'achat d'une ravissante gentilhommière en Touraine. Justement. Avec ce qui lui reste en poche elle peut même s'offrir une petite boutique rue du Faubourg-Saint-Honoré : un commerce de chemiserie pour hommes. Lucienne embauche pour gérer ce commerce auquel elle ne connaît strictement rien un jeune homme rêveur doté d'un sens artistique hors du commun. Sous son crayon naissent des chemises comme on n'en a jamais vues, des cravates divines, des boutons de manchettes d'une originalité folle. Lucienne Lonjubeau devient une des adresses les plus cotées de Paris. On y croise, malgré l'exiguïté de la boutique, CIark Gable, Marlène Dietrich, Greta Garbo. Lucienne vit un rêve. Et, tous les week-ends, son gérant, le charmant René Balanchard, accompagné de sa mère, de sa sœur et de ses deux nièces, emmène Lucienne Lonjubeau jusqu'au château où il fait si bon vivre... Lucienne n'a jamais su conduire... Elle ne tarit pas d'éloges sur les dons de voyance de Mme Herbelin : — Quelle voyante extraordinaire ! Je ne fais plus rien sans la consulter. C'est une perle ! Lors d'une consultation suivante, Lucienne attend le verdict de Mme Herbelin. Celle-ci semble agitée : — Tirez une carte ! Encore une ! Recouvrez celle-là. Encore une. — Que voyez-vous ? — Ecoutez : je vous vois en haut de l'échelle. Pas de doute. Vous grimpez. Et vous êtes devant la reine d'Angleterre. Il y a énormément de monde. Vous êtes très contente ! Lucienne Lonjubeau rentre chez elle sur un petit nuage rose. Elle téléphone à ses meilleures amies pour leur répéter la prédiction de Mme Herbelin : — Elle m'a vue en haut de l'échelle sociale. Je suis en face de la reine d'Angleterre. Tu te rends compte. Mon Dieu, quelle émotion ! Mais si je suis présentée à la reine, comment vais-je faire : je ne parIe pas un mot d'anglais. Ce pauvre Raymond le parlait parfaitement. Et puis, il va falloir que je fasse la révérence. Il paraît qu'on risque de se casser la figure... Et puis, je n'ai aucune robe qui puisse convenir à ce genre d'occasion. (à suivre...)