Dégâts n L'incivisme de certaines personnes, allié au laxisme des autorités concernées, détruit les lieux censés inviter le citoyen à la décompression et à la distraction. Les bancs délabrés, le sol jonché de toutes sortes d'ordures, les plantes arrachées ou cassées, les arbres n'ayant plus que le tronc… telle est l'image désolante qu'affichent certains jardins publics de la capitale. Livrés à eux-mêmes, ils continuent à faire l'objet d'une dégradation alarmante. Les mégots, les sachets en plastique et paquets de cigarettes froissés ont remplacé l'herbe faisant de ces lieux des espaces multicolores. La couleur verte a disparu. Le parc Sofia, le parc de la liberté (ex-Charles Galland), une bonne partie du parc zoologique de Ben Aknoun, pour ne citer que ceux-là, n'ont pas échappé aux réflexes dévastateurs aux antipodes du civisme. Les mendiants, les malades mentaux et les délinquants infestent les jardins publics en en expulsant ainsi les familles. «Je ne peux pas ramener ma femme et mes enfants dans ces espaces qui représentent aujourd'hui un danger et menacent notre quiétude. Un malade mental ou un mendiant peuvent être gérés, il suffit de leur offrir quelque chose, mais ce sont les comportements indécents d'autres personnes qui nous empêchent d'y mettre les pieds», déplore Ammi Tahar, un quinquagénaire croisé à la sortie du parc Sofia, faisant allusion à la «nouvelle mission» des jardins publics devenus des lieux de rendez-vous pour les pervers de tout bord. «Autrefois, on s'amusait à voir défiler les spectacles de la rue et on assistait à une animation qu'offraient les bateleurs et autres musiciens. Sous l'ombrage de ces lataniers et autres arbres d'espèce ficus au feuillage persistant que l'hiver ne parvient jamais à dénuder, des petits ânes tournaient inlassablement pour la joie des enfants», se souvient un octogénaire, ajoutant que «les ânes du passé sont aujourd'hui remplacés par d'autres espèces qui menacent les amateurs de ces lieux à l'arme blanche et n'hésitent pas à délester les citoyens de leurs biens». La situation est plus dramatique hors de la capitale. A Tizi Ouzou, le grand jardin public est, depuis quelques années, devenu un immense marché informel. Pis encore, certaines villes se trouvent aujourd'hui dépourvues de jardins publics à l'exemple de Kherrata (dans la wilaya de Béjaïa), Beni Amrane (Boumerdès), Boghni (Tizi Ouzou)…, une situation qui interpelle les responsables du secteur de la ville à élaborer des projets de création de jardins publics au niveau des grands espaces urbains. Il faut, par ailleurs, souligner que les discours «passionnants» des responsables tardent à se concrétiser. Fait aussi bizarre, la réhabilitation des espaces verts ne fait pas partie des discours des partis en lice pour les élections législatives du 17 mai. Les volets politique, économique et sécuritaire ont pris le dessus, sachant que la mise en place d'espaces verts est rarement revendiquée par les citoyens. La solution n'est, semble-t-il, pas pour demain…