L'Assemblée nationale mauritanienne a adopté hier soir mercredi une loi criminalisant pour la première fois l'esclavage, pratique qui perdure dans certaines parties du pays malgré son abolition officielle en 1981. D'après cette loi votée à l'unanimité, les personnes convaincues d'actes esclavagistes risquent désormais de cinq à dix ans de prison ferme. Le texte interdit également toute production culturelle ou artistique faisant l'apologie de l'esclavage, qu'il punit de deux ans de prison, et prévoit des sanctions contre les autorités qui ne s'en préoccuperaient pas. Le projet de loi, initialement jugé insuffisant par plusieurs organisations des droits de l'Homme, a été fortement amendé et réaménagé par les députés dans le sens du renforcement des peines prévues et de la définition précise des pratiques esclavagistes constatées dans le pays. Longtemps tabou, l'esclavage est officiellement aboli en Mauritanie depuis 1981 et a fait l'objet en 2003 d'une nouvelle loi renforçant sa répression. Le 30 mai, le nouveau président, élu deux mois plus tôt au terme d'une transition démocratique de dix-neuf mois, avait réclamé un renforcement du «dispositif de lutte» contre l'esclavage, notamment sur le plan juridique. L'esclavage sous sa forme originelle devient rare en Mauritanie. Il est toutefois encore pratiqué dans toutes les communautés, principalement dans le monde rural.