La loi criminalisant l'esclavage en Mauritanie, votée le 9 août, a été saluée par des ONG comme un geste historique, mettant en lumière la persistance de cette pratique d'un autre temps qui se raréfiait toutefois dans le pays.Selon l'ONG mauritanienne SOS-Esclaves, qui a récemment publié un rapport sur l'esclavage en Mauritanie, la pratique “persiste dans le pays du fait d'un lourd legs de mentalités anachroniques, d'un héritage mental et culturel encore vivace à la fois chez les esclaves et chez les descendants d'esclaves”. Cette étude relève que l'esclavage est pratiqué dans toutes les communautés nationales, arabes et négro-mauritaniennes, avec quelques différences. “Peu violent mais persistant en milieu Bidhan (arabe), et (...) sous forme de survivances de comportements esclavagistes au sein de la communauté négro-africaine”, indique l'étude, qui précise que de nombreux esclaves n'ont pas conscience de leur condition. Longtemps couvert d'une chape de silence, l'esclavage a officiellement été aboli en Mauritanie en 1981 et a fait l'objet en 2003 d'une loi renforçant sa répression. Mais ces textes contenaient toujours, selon des associations de défense des droits de l'Homme, des aspects vagues sur des questions essentielles et édictait des peines en deçà de celles généralement prévues pour des crimes similaires. Le 30 mai, le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, élu deux mois plus tôt au terme d'une transition démocratique de 19 mois, avait rouvert le dossier pour réclamer un renforcement du “dispositif de lutte” contre l'esclavage. Le projet de loi proposé par le gouvernement a été fortement amendé et réaménagé par les députés dans le sens du renforcement des peines prévues et de la caractérisation des pratiques esclavagistes. Ainsi, le texte voté à l'unanimité prévoit des peines allant de cinq à dix ans de prison ferme pour les esclavagistes et puni de deux ans de prison l'apologie de l'esclavage. R. I. /Agences