Tradition n Chaque été, la pétanque reprend ses droits à El Bahia où ce sport reste très prisé autant par les «vieux briscards» que par les jeunes, qui apprennent rapidement les «ficelles» de ce jeu. Le jeu en triplette et en doublette fait fureur en cette période de l'année. Taquiner le «cochonnet» (le but) reste l'objectif à atteindre pour les pratiquants de ce jeu qui exige un sens de l'observation très aiguisé et une concentration qui défient l'effort physique proprement dit. La fraîcheur des fins de journée stimule les joueurs qui, chacun à sa manière, cherche à gagner. Les parties se terminent parfois après la prière d'El-Icha. Joueurs et admirateurs forment des cercles et se mettent en communion autour d'un même plaisir, être le plus près possible du cochonnet et marquer le plus de points. Les triplettes, composées d'un pointeur, d'un second et d'un tireur, s'adonnent à d'interminables parties où le «tir à carreau» est considéré comme le geste du virtuose. Remporter une manche à la «fanny» (un score de 13 à 0) fait la joie de la triplette qui devient, ainsi, le sujet des discussions et la «cible à abattre». Certains mordus se déplacent parfois, à la manière des équipes de football de quartier, afin de mesurer leur «virtuosité» avec des «triplettes» d'autres quartiers. Le but recherché est de tester leur niveau devant des noms très connus de la famille très restreinte de la pétanque oranaise tels Cheikh Dali Ahmed, les frères Ouis ou encore Zebboudj. Cette communion toute sportive est parfois agrémentée d'un couscous et de thé. Plusieurs communes de la wilaya d'Oran ont bénéficié dernièrement de terrains de pétanque. Ce qui a boosté l'engouement des jeunes pour ce jeu. Dans certains quartiers, le bruit sec des «tirs à carreau» est devenu un son familier. Le marché de M'dina Djdida s'est transformé en un lieu où se négocient les prix des paires de boules qui oscillent entre 3 000 et 3 500 DA. Les amateurs, ayant acquis une fine connaissance en la matière, n'achètent pas au «pif». Ils palpent la boule, la manipulent, s'assurent du plat de sa surface, la soupèsent avant de s'intéresser à sa marque. Chez les riverains du littoral oranais, les parties de pétanque attirent même les touristes étrangers. La plage de Mers El-Hadjadj est très connue d'ailleurs pour son concours organisé au mois d'août. Des «triplettes» venues de l'étranger, de Mostaganem, de Mascara, de Relizane, d'Alger, de Constantine et d'Oran y prennent souvent part dans une ambiance conviviale. Même les habitants de l'ex-quartier populaire Es-Sanawbar (ex-Les Planteurs), qui ont bénéficié dernièrement de logements sociaux à la nouvelle cité Haï El-Yasmine, dans la daïra de Bir El-Djir, ont su se retremper dans l'ambiance particulière des interminables parties de pétanque.