Détermination n Décidée à mettre un terme à cette course effrénée, Ghania faisant fi des pleurs de ses mômes terrassés par la fatigue, ne compte pas rentrer à la maison avant d'avoir acheté des nouvelles tenues à ses trois enfants. «Mes jambes ne me portent plus. Je suis au bord de l'épuisement. Je ne supporterai pas une autre journée de courses», se lamente la mère de famille. Arrivée cahin-caha au marché Ali-Mellah d'Alger, elle promet à ses enfants de n'en sortir qu'une fois les emplettes finies. Une fois à l'intérieur du bazar, Ghania demande aux plus petits des enfants de s'agripper à elle et de ne la lâcher sous aucun prétexte de peur de les perdre au milieu de la foule. Les allées étroites du bazar limitées par les stands de vente sont complètement obstruées par des femmes aussi préoccupées que Ghania. Les boutiques et autres commerces sont littéralement pris d'assaut. Se laissant entraîner par ce flux, notre maman se dirige directement vers une boutique d'habillement dont le propriétaire semble être une connaissance. Cette dernière, jetant un regard rapide à la marchandise étalée, prend un pantalon noir de la taille de son fils. D'une main habile, elle inspecte rapidement le vêtement et le juge adéquat. Pour le prix, elle s'est entendu avec le commerçant pour prendre ce qu'elle voulait et de négocier après «Sahel (c'est facile)», lui lance le vendeur. Rassurée, elle se lâche enfin, prend une petite chemise verte, un deuxième pontacourt bleu et un petit haut de la même couleur pour Sabrina. Les enfants, à tour de rôle, entrent dans la cabine d'essayage et sortent le sourire aux lèvres, ravis du choix de leur mère. Ce n'est qu'à ce moment-là que les négociations commencent. Les pantalons sont cédés à 1 000 DA, la chemise de Lamine à 800 et le petit haut de Sabrina 1 000. Au total cela fait 3 800 DA le tout. Se tournant vers sa fille aînée, elle lui demande de choisir ce qu'elle veut. Ilham opte pour un jean à 1 700 DA et un haut à 1 200 DA. La mère acquiesce et la jeune fille est aux anges. Total des achats chez le boutiquier, 6 700 DA, que Ghania en négociatrice avertie arrive à faire baisser à 6 500 DA. Ce qui fait qu'il reste 3 500 DA pour les chaussures, les cartables et les trousses. Dans une boutique spécialisée dans la chaussure, Ghania avec autorité entraîne sa marmaille. Voyant que les prix pour chausser les enfants et finir ainsi de les vêtir sont excessivement élevés, elle décide de revenir sur ses pas et aller au centre d'Alger dans les boutiques connues pour leurs bas prix. Arrivées à destination, il n'est pas utile de préciser dans quel état de fatigue et de nerf, elle achète une paire de tennis à son fils pour 700 DA et de petites sandales à Sabrina pour 600 DA. L'adolescente ayant «flashé» pour des petits souliers plats à 1 800 DA. Donc du million de centimes, il ne reste à la mère éreintée que 400 DA. Elle qui voulait encore acheter les cartables et les trousses ! Dépitée, elle décide de rentrer à la maison prête à subir les réprimandes de son mari. Perdu pour perdu, en rentrant elle achète quand même quatre paires de chaussettes à 200 DA chez un vendeur à la sauvette.