Appréhension La triste expérience vécue par les Japonais dans les années 1950 risque de se produire chez nous. La population algéroise est potentiellement en danger à cause des risques de pollution marine provenant des déversements des eaux de l?oued El-Harrach, dont la teneur en mercure, produit extrêmement toxique, est désormais définitivement établie. Cette effrayante éventualité a été suggérée lors du séminaire de deux jours qui se tient, depuis hier, à l'hôtel Sofitel d'El-Hamma, sur la «Pollution et la protection de l'environnement en Algérie», organisé conjointement par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable (Onedd) et l'Agence japonaise de coopération internationale (Jica). Cette rencontre scientifique et d'information, qui s'inscrit dans le cadre de la coopération algéro-japonaise, a ainsi été particulièrement marquée par la communication de Mitsuo Yoshida, chercheur et membre de la Jica, qui a rendu publics les principaux résultats d'une étude sur la pollution de l?oued El-Harrach, menée en collaboration avec l'Onedd, depuis 2004. Sur la base d'échantillons de sédiments prélevés au niveau du bassin de l?oued, l'étude, a indiqué l'intervenant, a conclu à la contamination des eaux par divers produits toxiques (chlore, sodium, arsenic?), particulièrement par du mercure dont la concentration au niveau du bassin dépasse de? 30 fois les normes requises en matière de pollution industrielle. M. Yoshida a d'autant plus retenu l'attention de l'assistance qu'il a dû rappeler la «triste expérience» vécue par ses compatriotes dans les années 1950 et qui risquerait de se reproduire chez nous. A cette date, une baie poissonneuse d'une région japonaise dénommée Minatama, contenant du mercure, a coûté la vie à des milliers de personnes ayant consommé du poisson contaminé, pêché en ces lieux, (quelque 2 200 morts et des milliers d'autres ayant souffert de la maladie de Minatama, tristement célèbre au Japon). A l'origine de ce sinistre : une usine située aux abords de la baie et qui utilisait du mercure dont les déchets étaient déversés sans traitement préalable. Or c'est exactement ce qui se pratique dans nos zones industrielles à la périphérie d'Alger, à Semmar et à Baba Ali, notamment, polluant dangereusement les eaux des différents oueds, particulièrement celui d'El-Harrach. Pour autant, l'intervenant, dédramatisant ces propos, a recommandé de ne pas faire de parallèle absolu avec ce qui s'est passé au Japon, dans la mesure où l?existence du mercure dans nos eaux marines n?a toujours pas été prouvée, des analyses n?ayant pas encore été réalisées, auquel cas il y aurait danger, puisque contrairement aux oueds, le mercure contaminerait le poisson au large de nos côtes, ce qui menacerait les consommateurs. Autre «révélation» à ce séminaire, le fait qu'à l'origine de ce désastre écologique et ces atteintes à la santé publique, les déversements sans traitement de déchets industriels dans le bassin de l?oued El-Harrach surtout. Et ce alors que d'aucuns avaient, jusque-là, la certitude que cette pollution était uniquement due aux déversements des eaux d'égouts. A retenir l'intéressante intervention aussi, sur la situation (critique) de l'environnement en Algérie, dont l'état alarmant est illustré par une perte économique équivalant à 7% du PIB, au titre notamment du financement en matière de santé publique.