Acte de foi ? Le 2 novembre 1972, jour de la Toussaint, Mullin arriva devant une église à Los Gatos, il avait bu et avait décidé dy entrer pour se donner la force de ne plus jamais essayer de tuer. Mullin pensait que l'église était vide mais lorsqu'il entendit le père Henri Tomei dans l'un des confessionnaux, il se décida de le tuer. Il tenta d'ouvrir la porte du confessionnal. Le père Tomei, surpris, ouvrit la porte de l'intérieur, pour voir ce qui se passait. Mullin le poignarda brutalement au c?ur avec son couteau de chasse, et le prêtre se débattit, coincé dans le petit confessionnal. Une paroissienne entra dans l'église, vit la lutte que se livrait les deux hommes et s'enfuit en hurlant. Elle n'eut le temps que de voir un jeune homme habillé en noir. La communauté fut indignée par le meurtre insensé du père Tomei, 65 ans, un héros de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. Certains pensèrent que c'était l'?uvre d'un culte satanique. Des dirigeants des droits civiques participèrent à ses funérailles, ainsi que la police, qui espérait que «le jeune homme habillé en noir» viendrait pour la cérémonie d'enterrement, à Sainte Marie. Mais Mullin ne se montra pas. En revanche, il avait laissé ses empreintes digitales dans le confessionnal. Que la troisième victime ait été un prêtre catholique répondait à l'animosité épisodique de Mullin envers les religions officielles. Mullin n'avait rien contre la religion... tant qu'elle provenait de sa propre invention. En 1970, il avait interrompu une messe du dimanche dans une église catholique en criant aux personnes assemblées que ce qu'elles faisaient était «mal». Mullin avait ensuite offert sa propre philosophie de la vie comme alternative, mais avait été jeté dehors avant de pouvoir convertir qui que ce soit... Il avait tenté de persuader les autres patients de l'hôpital psychiatrique de San Luis Obispo de l'aider à changer «la nature spirituelle du monde». A San Fransisco, il s'était «disputé» avec Dieu, hurlant et terrifiant son compagnon de chambre. Et pourtant, la rébellion de Mullin contre la religion s'était ensuite transformée en une adoption totale du Catholicisme. Il se promenait avec une Bible et parlait de devenir prêtre. Sa mère fut très choquée d'apprendre que son fils avait assassiné un prêtre. En tuant le père Tomei, Mullin s'en prit en fait à la source même de sa colère : son propre père, catholique fervent. Selon le psychiatre Donald Lunde, le meurtre du père Tomei le secoua plus que tous les autres. Mullin voulait à présent apaiser son père, et tenta de suivre ses pas en s'engageant dans l'armée. Celle-ci semblait être la solution idéale, pensa Mullin, car il pourrait s'y adonner à ses pulsions violentes avec la bénédiction de l'Etat. En novembre 1972, il postula chez les gardes-côtes. Lorsqu'on refusa sa candidature après qu'il eut échoué à l'examen psychologique, il sombra dans la paranoïa, pensant que c'était une conspiration contre lui. Il accusa les hippies et les «jeunes contre la guerre» : ils lui avaient lavé le cerveau en lui donnant des drogues et l'avait embobiné pour qu'il devienne objecteur de conscience. Il se remit à entendre les voix, et elles demandaient un sacrifice. Cette fois, il allait s'en prendre aux gens qui avait ruiné sa vie. Il prit pour cible un vieil ami et compagnon de drogue, John Hooper, et apporta un couteau de chasse lorsqu'il vint chez lui. Mais neuf autres personnes étaient là. Mullin réalisa qu'il devait changer de méthode et acheta un pistolet. Chez l'armurier, il menti au sujet de ses antécédents psychiatriques... et personne ne vérifia. (à suivre...)