Le nom le plus répandu pour le jaune en arabe est as'far : comme il présente une forme proche du nom du safran, z'âfran et que celui-ci est emprunté au persan, on pense que le nom de la couleur est également emprunté. Mais cette hypothèse ne fait pas l'unanimité des chercheurs. Comme pour les autres couleurs, le jaune possède toute une série de dénominations : zabraq, zabradj, ziryab, as'h'am, afqaâ, qaladj, waris, etc., certains de ces mots étant utilisés pour d'autres couleurs. Signalons qu'au Moyen âge, les Arabes désignaient les Byzantins sous le nom de Banû al-As'far, les enfants du Jaune, et qu'ils se réservaient le nom de Banû al-Aswâd, les Enfants du Noir, aswâd signifiant aussi, comme nous l'avons vu, «maître et seigneur». Comme la plupart des couleurs, le jaune est, chez les musulmans, une couleur ambivalente ; tantôt positive, tantôt négative. Associé au soleil, le jaune symbolise la force, la puissance et la chaleur humaine ; associé au beurre et au miel qui arborent la couleur, il est douceur, finesse et tendresse. N'est-ce pas le Prophète qui comparaît Aïcha, son épouse préférée, au beurre ? Et n'appelait-il pas, le sexe de la femme, «miel» ? Mais associé à la flamme, le jaune symbolise la passion dévorante, la colère et la haine, et associé au soufre, il est associé aux œuvres des sorciers et des personnages malfaisants. Dans le vocabulaire médical, al-safra' désigne la bile, qui provoque des maladies comme la jaunisse ou la neurasthénie.