Dans l'antiquité, le safran est connu comme aromate. Les riches Grecs et Romains le mêlaient à l'eau de leur bain, ils mettaient des fils de safran dans leur vin, ils en jetaient dans les halls de leurs maisons et en faisaient des pots-pourris pour parfumer leurs intérieurs. Ils en offraient aussi aux temples et en parfumaient leurs statues. Ils en jonchaient le sol sous le pas des empereurs : c'est ainsi que des quantités énormes ont été répandues quand Néron est entré à Rome. Il y a aussi cet usage de saupoudrer les couches nuptiales, pour apporter le bonheur aux jeunes mariés. Les navigateurs phéniciens, originaires des côtes du Liban et de Syrie, ont répandu l'usage du safran autour de la Méditerranée, les Arabes l'ont introduit en Espagne et en France. en Europe, le symbolisme du safran a longtemps été positif. C'est seulement au Moyen-Age qu'il est devenu un symbole négatif, devenant le symbole des infortunés, à cause sans doute de la couleur jaune que prennent les visages quand on souffre d'un ictère, une maladie redoutable, à l'époque. Dans le monde musulman aussi, c'est un symbole de maladie et de mort. Dans l'interprétation des rêves par exemple, cette couleur est synonyme de maladie et de mort, ainsi que tout fruit ou toute chose qui prend cette couleur. Les langues européennes (safran, saffron...) tirent leur appellation du latin, Safranum, qui la tire lui-même de l'arabe, zaâfran, qui provient de ‘asfar, (jaune). On pense aussi que le mot dériverait du persan zarparan, décomposé en zar (or) et par «plume, stigmate», mais il y a de fortes chances pour que le mot provienne de l'arabe.