Repas n Une soupe de blé concassé et une sorte de pain traditionnel constituent les mets importants sinon indispensables pour garnir une table de ramadan chez toutes les familles de Boumerdès. Dès la rupture du jeûne et la prière du coucher du soleil, chaque jeûneur entame son repas par une chorba frik, tant la majorité est persuadée des bienfaits de cette soupe sur la digestion de par sa richesse en épices et en vitamines bénéfiques pour le corps. Aussi, le bol de chorba évoque, chez la plupart, le ramadan, tant il en est le cachet spécifique, alors que chez certains il devient inévitable durant les périodes de grand froid, voire tout au long de l'année. Le prix abordable du blé concassé, appelé communément frik, dont le coût varie, selon la qualité, entre 130 et 180 DA, serait à l'origine de la popularité de cette soupe traditionnelle, selon Mme Aouicha qui estime également que la simplicité de ses ingrédients et la facilité de sa préparation en font un plat accessible à l'ensemble des ménages. L'achat du frik par les ménagères se fait souvent avant le ramadan et même durant, sachant qu'il est écoulé suivant la couleur et la qualité du blé. L'autre élément nécessaire pour apprêter une table du ramadan demeure évidement la «kesra»ou le «khobz el-matlou». Dès le premier jour de ramadan, des galettes préparées à base de semoule et de farine sont exposées à la vente pour 25 DA l'unité, au niveau de toutes les villes de la wilaya et même des villages, notamment aux abords des RN 05 et 24, faisant ainsi une concurrence rude aux boulangeries industrielles. Cette concurrence accule les boulangers, dans les communes de Bordj Menaïel, Boudouaou et Khemis El-Khechna, notamment, ainsi que toutes les grandes villes de la wilaya, à recruter de jeunes chômeurs en vue d'écouler leur pain au niveau des marchés et places publiques. Cette activité, l'apanage des femmes rurales depuis l'époque coloniale, était destinée exclusivement à la consommation domestique. La galette était, jadis, cuite dans des fours en terre chauffés au feu de bois, avant de faire son apparition en ville où elle est désormais enfournée dans des fours fonctionnant au gaz naturel. Certaines familles n'ont pas hésité à transformer leur demeure en de véritables ateliers pour la confection du pain traditionnel, à l'image de la famille de Mme Kheddoudja et certaines de ses voisines du quartier Vieux Bousbaâ de la commune de Bordj Menaïel, dont la kesra a acquis une renommée qui a largement dépassé les limites de la localité, pour gagner celles de Naciria, Cap Djinet et même Boumerdès. Cette famille confectionne une moyenne de 200 galettes/ jour pour des clients abonnés durant le ramadan et d'autres tout au long de l'année, au moment où ses voisines écoulent leur produit sur le seuil de leur porte, ou en se faisant suppléer par des enfants ou par les personnes âgées de la famille, dont les retraités, notamment.