Réalité n Les hydrocarbures ne sont pas une richesse éternelle qui est appelée à se tarir et par conséquent, il faut prendre des dispositions en prévision de cette phase. C'est la conclusion faite par l'économiste Aït Amara hier soir, lors d'une conférence intitulée «L'Algérie de l'après-pétrole : les enjeux de la formation et de l'emploi» au siège de la Fondation Friedrich-Ebert. D'après l'orateur, les réserves de pétrole et de gaz seront épuisées, respectivement dans 17 ans et 53 ans. Par ricochet, le conférencier craint une situation alarmante pour l'Algérie d'après-pétrole. «Imaginez l'Algérie dans 50 ans. Vivra-t-elle ? Moi j'en doute», indique-t-il. S'expliquant, l'invité de la Fondation Friedrich- Ebert fera une analyse critique de la situation économique du pays en dressant un tableau des plus sombres de la politique économique du pays. Il la résume par trois éléments principaux. D'abord, explique-t-il, la stratégie du gouvernement basée sur l'apport des IDE (Investissements directs étrangers) pour booster notre économie. Cette vision n'aboutira jamais pour la simple raison que «l'on ne donne pas l'information concernant l'investissement». Ce qui fait, d'après lui, fuir les investisseurs étrangers qui vont s'installer ailleurs où le climat économique est transparent. Pour ce qui est du deuxième élément défaillant de la gestion actuelle, l'économiste cite la privatisation. Un processus qui a failli, d'après lui, car la manière avec laquelle on a procédé au sein des entreprises algériennes n'est pas appropriée. «Aujourd'hui, on a une stratégie axée sur la privatisation des moyens de production (capitalisme), alors que le privé en Algérie n'investit pas», dira-t-il en ajoutant que «le plus grave, chez nous, est qu'il n'y a pas d'entreprises». Enfin, le dernier élément de l'échec économique consiste en l'ouverture commerciale. «Je ne comprends pas pourquoi nous livrons notre marché sans contrepartie aucune», s'interroge-t-il. En clair, l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et l'accord d'association avec l'Union européenne encouragent plutôt l'importation au détriment de la production locale. De ce fait, la dépendance alimentaire s'aggrave davantage. Dans cet ordre d'idées, le conférencier ne cache pas ses craintes pour l'avenir du pays. «Aurons-nous toujours de l'argent pour acheter de quoi manger ?» M. Aït Amara appelle en conclusion les stratèges de l'économie algérienne à revoir leurs politiques à l'égard de l'industrie et de l'agriculture. «Cette vieille question : Faut-il développer l'agriculture ou faut-il développer l'industrie est une fausse question», dira-t-il. D'après lui, il faut penser à développer l'industrie pour pouvoir non seulement moderniser l'agriculture, mais également offrir les moyens nécessaires pour qu'elle puisse travailler avec des niveaux de productivité plus élevés. En outre, poursuit-il, il faut investir dans la formation pour créer des entreprises dans notre pays à même de booster l'économie et se passer des hydrocarbures qui se tariront, tôt ou tard.