Société l Habituellement beaucoup plus enclins à l'excès et à la frénésie des achats, les Annabis ont adopté, durant ce ramadan, de nouveaux comportements en adaptant leurs emplettes à leur budget. Ce recul dans les achats est constaté au niveau des principaux espaces commerciaux notamment les marchés d'El-Hattab et couverts, où les commerçants de tous bords exposent leurs marchandises, fruits, légumes, poissons, confiseries, viandes, à des prix variables. Les boulangeries et pâtisseries qui, elles aussi, saisissent la période du carême pour proposer une gamme de produits alimentaires, usant de tous les «stratagèmes» pour faire fléchir le maximum de clients, n'enregistrent pas, cette année, une forte affluence. Les files d'attente et bousculades dans les marchés et devant les magasins de confiserie, particulièrement chez les vendeurs de la fameuse zlabia, ont nettement régressé durant ce ramadan. Devant l'augmentation des prix de certains produits alimentaires, les ménages, plus raisonnables, optent pour des achats modérés et répondant à leurs besoins essentiels. Ainsi, entre les boucheries qui proposent de la viande congelée d'importation à des prix oscillant entre 280 et 450 DA le kilo et celles qui «exposent» de la viande fraîche locale à près de 800 DA le kilo, le choix reste dicté par la bourse des uns et des autres. En dépit de leur abondance à des prix et qualité variables, ces produits alimentaires, habituellement très prisés, ne connaissent pas l'engouement habituel des consommateurs qui semblent plus méfiants et prudents à l'égard des ruses auxquelles recourent les commerçants pour les inciter, d'une manière ou d'une autre, à mettre la main à la poche. Les Annabis ont, depuis le début du carême, opté pour une certaine «austérité» en adoptant de nouveaux comportements quant à la consommation afin d'échapper aux mauvaises surprises engendrées par des dépenses inutiles. La meïda du f'tour annabi, délicatement garnie par l'irrésistible chorba frik, boureks et autres mets et gâteaux faits maison, ne semble plus être à la portée de nombre de familles, contraintes de se contenter de l'essentiel en s'éloignant au maximum «du gaspillage d'antan», selon les dires de certaines d'entre elles. Nombreux sont ceux qui affirment, à ce propos, que le pouvoir d'achat a obligé les familles à opter pour de nouveaux réflexes de consommation même durant ce mois sacré, tandis que d'autres estiment que l'offre influe sur les comportements et les attitudes. La préoccupation essentielle du consommateur notamment de la ménagère à qui incombe la responsabilité de préparer la meïda du f'tour, consiste, a-t-on recueilli, à rechercher la qualité des produits. Des consommateurs pour qui la «corvée» du marché est inévitable, voient que l'adage du client est roi, n'a pas vraiment sa place dans les marchés de la ville de Annaba, compte tenu, soutiennent-ils, «des pratiques déloyales affichées par certains commerçants avides de gain facile».