Les habitants sont sur le qui-vive et à l?écoute de ces explosions qui empoisonnent leur quotidien. Jadis coquette et accueillante, la ville d?Arzew n?offre plus cet attrait de petite localité balnéaire tranquille, réputée pour la qualité de ses poissons qui faisaient sa fierté. «L?envahissement» du complexe pétrochimique construit au début des années 1970 allait complètement transformer la ville qui vit actuellement repliée sur elle-même. Ses habitants semblent vivre sur une autre planète. Aujourd?hui, quand on leur parle de leur ville, les Arzewis vous répondent franchement qu?à ce stade-là, il vaut mieux laisser le «puits couvert». À l?heure actuelle, des milliers de familles vivent constamment avec la peur au ventre. «A chaque incendie, nous quittons précipitamment nos maisons. Nous craignons pour nos vies et celles de nos enfants», s?alarme ce père de famille. Environnement hostile qui se décompose à la faveur de la proximité des unités de production. D?ailleurs les garde-fous les longeant ont fini par craquer à force d?être brisés par des familles terrorisées à la recherche de raccourcis. «La dernière explosion survenue à l?unité GP2Z (15 novembre ndlr) a été très violente. Nous avons dû quitter nos habitations vers 20 heures. Des centaines de familles se sont retrouvées dehors après une dure journée de jeûne», affirment des habitants qui se disent outrés par l?attitude des autorités locales. C?est en tout cas la version que veulent donner les Arziwis pour expliquer l?absence de responsabilité des élus locaux et des dispositifs de sécurité les plus élémentaires en cas de catastrophe. «Avant, une sirène avertissait la population en cas d?accident, elle a été supprimée sans que l?on sache pourquoi», clament les habitants d?El-Gueitna, quartier très proche de l?unité de production de la Camel. Ici, en tout cas, les citoyens se sont «habitués» à ces accidents. «Dès qu?un accident survient, nous nous enfermons à double tour à l?intérieur de nos maisons. Et nous prions», déclarent-ils la mort dans l?âme. Des quartiers comme Zabana, le Complexe et le Plateau sont particulièrement exposés au danger permanent des incendies et des explosions. «Nous habitons sur un terrain plutôt meuble. Nous sentons fortement le sol se dérober sous nos pieds à chaque explosion. Un immeuble a été légèrement endommagé et des fissures sont encore visibles», constate ce père de famille résidant à Zabana. En définitive, et malgré leurs réclamations, les citoyens sont toujours là à espérer qu? «un vent favorable poussera les responsables locaux à apporter un minimum de sécurité au habitants d?Arzew».