Loisirs n Comme leurs semblables plus chanceuses et qui sont auprès de leurs maris et de leurs enfants, elles s'adonnent à ce jeu ancestral qu'est la boqala… Durant le ramadan, la direction du centre de rééducation d'El-Harrach réaménage les horaires pour les employés et les détenus. Comme cela se fait dans les autres administrations. Ainsi, les détenus peuvent se permettre une «grasse matinée» jusqu'à 8h 30. Le programme de la journée commence véritablement à 9h 00 par une promenade dans la cour. Puis chacun s'adonne à son activité : sport, animation culturelle… Il y en a même qui exercent une activité professionnelle rémunérée au sein de l'Office national des travaux éducatifs (Onte), mitoyen de la prison. Ils y fabriquent le mobilier nécessaire pour le fonctionnement des différentes structures de la justice à l'échelle nationale. Durant la journée également, certains peuvent prendre une douche (deux fois par semaine pour les adultes, trois fois pour les femmes, les mineurs et les malades) ou se rendre à l'infirmerie où pas moins de 17 médecins se relaient et veillent à leur prodiguer les soins nécessaires. Une sieste est prévue à la mi-journée pour permettre à tout le monde de se reposer. Vers 13h 30, les activités reprennent jusqu'à 16h 30, heure où les détenus sont contraints de rejoindre leurs salles et cellules. C'est le moment de recevoir leur f'tour. Ils passent le temps alors à se partager les victuailles apportées par leurs familles respectives et à dresser les tables. Une fois le repas avalé, ils s'offrent un thé et s'adonnent à d'interminables parties de dominos ou suivent les programmes de «leur» télé. Après avoir reconstitué l'ambiance de la table familiale, ils s'efforcent d'en faire de même avec celle des cafés maures et des veillées ramadanesques. Dominos et autres jeux de société font recette. L'odeur du thé et la fumée des Rym et Nassim font oublier leur détresse à ces malheureux. Le s'hor est pris vers minuit, dans les mêmes conditions. Le même esprit de solidarité et de convivialité règne dans le quartier des adultes qui sont pourtant là pour des délits plus graves que ceux des mineurs et des récidivistes de surcroît. Comme les plus jeunes, ils prennent le temps de se préparer aux concours prévus spécialement pour la nuit du 27e jour du ramadan. Il s'agit de deux compétitions conçues par l'administration autour des thèmes de l'apprentissage du Coran et de la vie du Prophète (QSSSL). La chaîne de télévision de l'établissement les y aide énormément. Au quartier des femmes, que nous n'avons pas visité pour des raisons évidentes, l'ambiance est tout aussi conviviale, à en croire les responsables. Les détenues, après avoir pris le f'tour, se partagent les tâches (vaisselle…). Par la suite, elles se mettent devant l'écran, toujours de «leur» télé, pour suivre leur feuilleton qu'elles ne rateraient pour rien au monde. Enfin, comme leurs semblables plus chanceuses et qui sont auprès de leurs maris et de leurs enfants, elle s'adonnent à ce jeu ancestral qu'est la boqala…