A Taddart Lejdid, vous pouvez découvrir une partie endommagée de l'ancien canal d'irrigation, terga, datant approximativement d'un siècle. A ce niveau, la conduite est ensevelie avec des buses en ciment. Plus loin, des tronçons entiers sont à découvert, ce qui nous fait penser aux anciens aqueducs romains. Le jeune membre de l'association Taddart, en compagnie d'un autre plus âgé, nous explique que ce canal est synonyme de vie, ici, à Taddart Lejdid. Son itinéraire n'a pas changé depuis qu'il a été tracé par un aïeul paysan pour desservir le maximum de parcelles et lopins de terre appartenant aux familles de Taddart. Suite aux dommages qu'il a subis ces dernières années, cet aqueduc a bénéficié d'une enveloppe financière pour sa réfection dans le cadre des projets de proximité initiés par le ministère de l'agriculture. Sa nécessité ne se discute pas car c'est le moyen idéal d'acheminer, par un système peu coûteux, l'eau de la montagne vers les vergers. En tout cas, les gens tiennent encore à venir à Raffour pour entretenir leurs arbres, bêcher, tailler, débroussailler ... Ammi Arezki, un octogénaire de Taddart Lejdid qui nous a accompagnés tout au long de notre itinéraire, insiste pour dire que la partie la plus importante du canal se trouve à Tigwdaline, la source même qui l'alimente. Elle est située au bas de Tizi n'Ath Ouabane, dans une sorte de dépression conique. Aujourd'hui, l'eau qui en jaillit se déverse presque en pure perte dans le talweg. En cours de route, éreintés par une montée de chemin pédestre dont nous ne voyons plus la fin, nous nous sommes arrêtés devant un portail qui clôt la grille d'un verger verdoyant. Un autre octogénaire, visiblement camarade de notre guide, nous a hélés pour nous inviter à visiter son jardin. Au bout de quelques marches bétonnées après le portail, nous arrivons dans un endroit féerique où la frondaison des figuiers, pommiers, cerisiers, poiriers joint ses couleurs et ses fragrances à l'humidité ambiante et aux ombrages à peine inquiétés par de minces rais de lumière. Un bassin est couvert d'une dalle en béton sur laquelle est construite une chambre où il fait bon se reposer après les durs travaux des champs. En plein mois de ramadan nous ne pouvons que lorgner du côté d'une vigne verdoyante dont la treille est portée par des poteaux, enfoncés et bétonnés de façon à soutenir les charges les plus lourdes. Des grappes succulentes pendent en abondance de tous les sarments. Un autre versant du champ est complètement réservé au figuier, arbre roi des vergers de Taddart Lejdid.