Beauté n Une dense chênaie forme un tapis continu sur la partie haute de la route et qui se prolonge, vers le sommet de Lalla Khadidja, par une cédraie dont les arbres sont séculaires. Sur le versant sud du Djurdjura, au pied d'Azrou Madène, se dresse le village de Taddart Lejdid, à 1 050 m d'altitude. Le site semble suspendu entre ciel et terre avec un contraste de couleur qui fait défiler le vert des terres herbeuses cultivées par une branche des Iwaqurène et le gris blanchâtre des façades rocailleuses du Djurdjura. A cela s'ajoute, bien sûr, le bleu azur du ciel dégagé de ces journées ensoleillées. Le chemin qui dessert la localité à partir du chef-lieu de commune de Saharidj paraît interminable en raison de son piteux état et des virages imposés par un relief montagneux. Une dense chênaie forme un tapis continu sur la partie haute de la route et qui se prolonge, vers le sommet de Lalla Khadidja, par une cédraie dont les arbres ont plusieurs siècles. Des carottages, effectués par des spécialistes, ont révélé que certains sujets datent de l'époque de Massinissa et de Jugurtha, c'est-à-dire 21 siècles. Nous sommes dans le territoire du Parc national du Djurdjura (PND) qui s'étale sur les deux wilayas de Bouira et Tizi Ouzou avec une superficie de 18 500 hectares. Le Parc est classé réserve de la biosphère. Tout le long de la route, des panneaux invitent les visiteurs à respecter la nature en évitant le dépôt d'ordures et la chasse. Arrivés au niveau de Taddart Lejdid, nous pouvons admirer de loin tout le panorama de la vallée du Sahel (sur l'axe Ahnif-M'chedallah-Raffour) et les monts et monticules de Beni Mansour et Beni Abbes (sur les hauteur d'Ighil Ali, wilaya de Béjaïa). Une piste fort pentue et rocailleuse bifurque vers le haut et traverse les propriétés des Iwaqurène de Taddart Lejdid. Nous avons l'impression de revivre le tableau présenté par Mouloud Feraoun à la première page de La terre et le sang. Les véhicules montent péniblement ce tronçon de piste jusqu'au point où un éboulement, datant de l'hiver passé, met fin à tous les espoirs de continuer le chemin. La marche continue tout de même vers les hauteurs du Djurdjura. En face, le versant de Takerboust impose son panorama par l'envergure du village qui, dit-on, est le plus peuplé de Kabylie. Selloum et Tiksighidène dressent leurs pitons en bas des lieux sur lesquels nous voguons ; cette vue aérienne nous donne, d'ailleurs, l'impression d'être embarqués dans un avion. Au-dessus de Laïnser n'Lgazuz, la façade de la haute colline présente une plaie qui a défiguré le beau maquis de chêne vert qui tapissait naguère toute cette étendue ; il s'agit d'un incendie qui a calciné la végétation ce qui provoque un début d'éboulements de rochers et de pierres vers la rivière. Au regard de la disponibilité et de la fougue que manifestent les Iwaqurène pour le travail des champs et lorsqu'on constate de visu tout l'attachement qu'ils montrent à la terre ancestrale, l'on reste pantois devant cette triste vérité à laquelle les populations sont réduites : elles n'y habitent pas ! Tout le monde ici souhaite des conditions décentes de vie (aide à la construction, électrification, mobilisation des ressources hydriques, pistes rurales et autres projets de développement créateurs d'emplois). Le projet de proximité initié en 2003 à Taddart n'est qu'un début qui, nécessairement, en appelle d'autres.