Inconstance n Depuis la victoire algérienne à la CAN-1990, la sélection algérienne a vécu dans l'instabilité la plus totale. Le staff technique a changé à dix-neuf reprises en moins de dix-sept ans et dix-huit sélectionneurs se sont succédé, seul, en duo ou en triumvirat, alternant les démissions, les licenciements et les périodes de vacance du pouvoir, à la tête d'une équipe de plus en plus désorientée et plus que jamais en quête de quiétude. Seuls Kermali et Ighil ont pu diriger la sélection nationale durant deux années. Tous les autres staffs ont vu leur période écourtée et donc leur travail inachevé. Pendant et juste après l'euphorie de la CAN 2004, Raouraoua, l'ex-président de la FAF avait promis d'engager un grand sélectionneur à la tête de l'équipe nationale dont la mission essentielle serait de qualifier les Verts à la phase de la Coupe du monde de 2006 en Allemagne. L'opinion avait alors commencé à scruter l'horizon pour connaître le nom de celui qui valorisera l'équipe née lors de la CAN et qui perpétuera le rêve et la passion qui l'ont entouré pendant le séjour tunisien. Les Algériens sont comme cela, ils s'enflamment rapidement et veulent encore plus lorsqu'ils sentent qu'il y a un bon coup à jouer. Le président Raouraoua a pris donc son bâton de pèlerin et s'en est allé à la recherche de l'oiseau rare avec comme promesse une aide conséquente de l'Etat qui s'est engagé à mettre le paquet pour ramener une grosse pointure. Or, après une tournée menée dans le plus grand secret et l'excitation de la presse faite autour de plusieurs noms de techniciens (Stambouli, Baup, Stephan, Menotti, Angel Marcos, Perrin, Bianchi…), c'est le Belge Robert Waseige qui décrochera les faveurs de la FAF à la grande déception de l'opinion. La FAF avancera ses arguments concernant ce choix : le temps pressait et tous les meilleurs techniciens étaient en poste. Elle ne tarira pas d'éloges pour l'entraîneur belge sauf que la démarche qui l'a amené aux portes des Verts rappelle un peu celle de Leekens dont les Algériens ne gardent pas pour autant un grand souvenir (six mois pour un seul match officiel et une bagatelle d'euros transférée sur son compte en Belgique). Par ailleurs, il faut reconnaître que Waseige n'est pas celui que les Algériens attendaient vraiment d'autant qu'il était à la tête d'une modeste équipe de Charleroi qui luttait contre la relégation et qui a fini par le limoger. Pourquoi donc lui et pas un autre ? La question restera posée, comme elle a été quelque temps après avec Jean-Michel Cavalli, un nom qui sort de l'anonymat ou presque. Ce que la FAF ne dira pas, c'est qu'à 25 000 euros/mois on ne pouvait pas espérer plus sachant que la moyenne des entraîneurs les mieux payés oscille entre 40 000 à 50 000 euros/mois. ? titre d'exemple, Roger Lemerre, dont le contrat a été reconduit à la tête de la sélection tunisienne après le sacre de la CAN-2004, émarge à 60 000 euros/mois. Pour dire toute la différence entre les deux options. Aujourd'hui, on boucle la boucle et on revient à la case départ pour opter finalement pour un staff technique national alors qu'on aurait pu faire les frais de milliers d'euros dépensés et des échecs encore plus affligeants.