Record n Vendredi dernier, comme rapporté dans notre édition d'hier, un septuagénaire a été assassiné dans son domicile. Ce meurtre intervient trois mois environ après celui d'un autre citoyen sauvagement assassiné le 7 juillet. Pour rappel, ce énième homicide n'avait pas laissé, cette fois, les habitants de cette localité sans réaction. Ces derniers ont énergiquement dénoncé «le laxisme des services de sécurité envers toute forme de délinquance (hausse marquée de la violence armée, du trafic organisé de stupéfiants, prostitution juvénile…), lit-on dans une lettre adressée à notre rédaction. En effet, depuis quelques années, la criminalité sévit dans cette ville, au point de s'attaquer même aux ressortissants étrangers — un immigré camerounais a été tué en juin. Mais pourquoi une aussi paisible ville appelée jadis le «Petit Paris» est devenue avec le temps un lieu idéal pour la criminalité et tous les fléaux sociaux ? «Le laxisme des services de sécurité, si laxisme il y a, n'est pas spécifique à Aïn Bénian. Il faut reconnaître que nos services de sécurité manquent de formation et de moyens, mais parler de laxisme, c'est aller trop loin dans la critique», souligne le chef d'une brigade de gendarmerie à Alger. Même analyse chez les services de la sûreté urbaine qui ont été accusés par les citoyens de laxisme dans l'affaire du meurtre du jeune Mohamed B., le 7 juillet. Où faut-il alors aller chercher les causes de cette criminalité grimpante ? La réponse est peut-être chez les citoyens eux-mêmes. «Aïn Bénian avait une composante démographique bien spécifique. Elle était constituée à 90% d'une population qui vient d'une même région. On avait alors nos propres coutumes, nos propres traditions et chaque famille avait un lien familial. C'est vrai que le meurtre, la drogue et la prostitution étaient pratiqués par certains individus bien connus par la population et les habitants, mais ils étaient marginalisés. Mais depuis une dizaine d'années, notre ville a connu un exode rural très important. Les gens de Médéa, Chlef, Aïn Defla..., qui fuyaient le terrorisme, sont arrivés ici par centaines, et comme ils n'avaient pas les moyens d'acheter une maison, ils ont construit des bidonvilles sans aucune commodité. Pas d'électricité, pas d'eau, pas d'accès carrossable. Rien. Les familles ont été déracinées, les pères de famille et leurs enfants ont perdu leur boulot. Toutes ces conditions ont préparé le lit des fléaux sociaux (agression, prostitution, vol…). Cette situation socio-économique a contraint certains à rechercher le gain facile. Ils ont alors investi dans la débauche (drogue, alcool, prostitution), ces trois créneaux sont en relation très étroite avec le meurtre...», souligne Ahmed S., président d'une association d'un quartier très chaud à Aïn Bénian. En effet, la drogue circule très librement dans cette localité. Plusieurs individus ont été appréhendés en possession de plusieurs kilogrammes de kif ou de haschisch durant ces dernières années. La ville compte le plus grand nombre de dépôts de boissons alcoolisées, de bars et de cabarets au niveau de la wilaya d'Alger. La prostitution reste aussi une pratique très courante dans cette ville touristique, surtout durant la saison estivale. Tous ces «ingrédients» conjugués ont facilité l'apparition du meurtre dans cette charmante petite ville appelée jadis guyotville.