Résumé de la 114e partie n Arty remarque que Neil, le fils de Peterson, l'a reconnu. C'est ce jour-là qu'il décide de le tuer. Il imaginait les gens effrayés, affolés, quand la bombe exploserait, quand ils sentiraient le sol s'ouvrir sous eux, le plafond s'effondrer : tous ces gens qui l'ignoraient quand il tentait de se montrer amical, tous ces gens, qui ne lui souriaient jamais, qui le bousculaient, qui ne le remarquaient même pas, et qui se jetaient sur leurs assiettes qu'Arty devait ensuite nettoyer, pleines de graisse, de coquilles, de sauce, de traces de beurre. Et tout était arrivé en même temps. Le plan. Le plan d'August Rommel Taggert. Un plan de renard. Si seulement Sharon ne devait pas mourir, si seulement elle l'avait aimé. Mais en Arizona, les filles seraient affectueuses. Il allait avoir tellement d'argent. C'était une bonne idée de faire mourir Sharon et Neil à la minute même où serait exécuté le jeune Thompson. Car il les exécutait aussi, et Thompson méritait de mourir pour s'être immiscé dans cette nuit-là. Et tous ces gens à Grand Central — sous les tonnes de décombres qui allaient s'écrouler sur eux ! Ils sauraient ce que c'est que d'être pris au piège. Et, lui, serait libre. Bientôt. Bientôt tout serait fini. Arty fit une grimace en constatant le temps qui s'était écoulé. C'était toujours comme ça quand il se mettait à penser à Nina. Il était l'heure d'y aller. Il fit démarrer la Pontiac. A deux heures moins le quart, il se présentait au péage et tendait le ticket qu'il avait pris à l'entrée pour sa Volkswagen. Le receveur avait l'air endormi. «Deux heures et vingt minutes — ça fait deux dollars, monsieur.» Il sortit de l'aéroport et s'arrêta dans une cabine téléphonique sur Queens Boulevard. A deux heures exactement, il appelait la cabine en face de Bloomingdale. Dès que Peterson répondit, il lui indiqua le téléphone public sur la 96e Rue. II avait faim et il lui restait quinze minutes. Dans un snack ouvert jour et nuit, il avala un café et des toasts, I'œil rivé sur l'horloge. A 2h15, il appelait la cabine de la 96e Rue et indiquait brièvement à Steve l'endroit du rendez-vous. Là, commençait la partie la plus dangereuse. A 2h 25, il roulait vers Roosevelt Avenue. Les rues étaient à peu près désertes. Il n'y avait pas l'ombre d'une voiture de police banalisée. Il s'en serait aperçu, il était passé maître dans l'art de rôder sans avoir l'air suspect. La semaine dernière, il avait choisi Roosevelt Avenue pour le rendez-vous. Il avait calculé le temps nécessaire pour retourner ensuite à l'aéroport de La Guardia. Exactement six minutes. Au cas où les flics suivraient Peterson, ça lui laissait de bonnes chances de les semer. Les pylônes de la voie ferrée aérienne qui longeaient Roosevelt Avenue bouchaient en partie la vue et on distinguait mal ce qui se passait de l'autre côté de la rue ou au bout du pâté de maisons. (à suivre...)