L'or noir et la monnaie européenne ont continué, ce week-end, leur ascension fulgurante, pulvérisant de nouveaux records : 92,22 dollars pour le premier et 1,4393 dollar pour le second. Alors que l'euro est tout près de valoir 1 dollar et demi, le baril de brut, lui, se rapproche inexorablement de la barre psychologique des 100 dollars. Un baril de pétrole à100 dollars ne relève plus de l'utopie ni de fantasmes d'analystes ou de chroniqueurs en mal de sensation. Plus qu'une poignée de billets verts et ce seuil psychologique sera atteint, voire largement dépassé. Hier, un nouveau record historique a été enregistré par le brut qui s'est échangé à plus de 92 dollars sur les marchés new-yorkais au moment où la monnaie américaine continuait sa dégringolade en atteignant son plus bas niveau face à l'euro (1,4393 dollar pour un euro). L'euro a, donc, frôlé le seuil de 1,44 dollar, sur fond de «mauvaises nouvelles économiques aux Etats-Unis». Son dernier record datait de lundi, à 1,4347 dollar. En début de semaine, le billet vert avait bénéficié d'une légère reprise, à la faveur de craintes de ralentissement généralisé de l'économie mondiale, mais ce n'était qu'un répit puisque la monnaie du Vieux continent a repris la tendance entamée depuis sa création en 1999. Son ascension est tout simplement fulgurante depuis quelques mois, grimpant de quasiment 6% depuis le début du mois de septembre. Sur un an, elle affiche une progression de 14%. Etant la principale monnaie d'échange du pétrole sur les marchés mondiaux, le dollar continuera de doper les prix de cette matière dans le sillage de sa dépréciation, estiment les analystes, en avançant les courbes ascendantes prises quasi simultanément par le brut et la monnaie européenne depuis quelques mois. Une donne qui, conjuguée à d'autres facteurs géopolitiques, fait dire aux initiés que la question n'est plus de «savoir si le prix du pétrole atteindra ou non les 100 dollars», mais plutôt «quand cette barre fatidique sera franchie». L'échéance est présentée comme imminente au vu de la cadence de l'envolée de l'euro et du baril de brut qui a gagné 6 dollars en 2 jours seulement et 45% de sa valeur sur l'ensemble de l'année 2007. Par la magie des chiffres, et aussi déroutant que cela puisse paraître, ce seuil ne constituera pas pour autant un record historique absolu, estime-t-on sur les principales places boursières mondiales. Ce paradoxe est expliqué justement par la flambée de l'euro et la nécessité de prendre en compte l'inflation qui touche la monnaie américaine. Cette donne incluse, l'on ne parlera de record historique véritable qu'une fois que le brut aura dépassé la barre des 101.70 dollars, soit l'équivalent des 40 dollars atteints en avril 80, quelques mois après la révolution islamique en Iran et l'année même du déclenchement de la première guerre du Golfe entre ce pays et son voisin irakien. Faisant fi de la polémique qui fait rage en ce moment sur les facteurs responsables de leur flambée, la monnaie européenne et le baril de brut continuent leur ascension effrénée donnant lieu à des hausses tout aussi vertigineuses des prix des principales matières premières et des matières précieuses dont l'or qui a atteint, la semaine dernière, son plus haut niveau depuis plus d'un quart de siècle.