«La hausse des prix du pétrole combinée à la chute du billet vert peuvent menacer l'économie algérienne», a déclaré à L'Expression l'économiste Abdelmalek Serraï. Le dollar américain bat de l'aile et les prix de «l'or noir» repartent à la hausse. Il faut s' attendre à ce que la barrière des 100 dollars soit franchie incessamment. Sous peu. Et pourquoi pas ce week-end? le prix du baril de pétrole vole de record en record et rien n'indique que son irrésistible ascension sera stoppée. Le DoE, le département américain à l'Energie doit rendre public son rapport hebdomadaire. Il sera connu aujourd'hui. Les stocks américains connaîtront-ils une énième baisse? Dans l'affirmative, le baril de pétrole franchira, sans coup férir, la ligne rouge: le seuil tant redouté des 100 dollars. Hier, dans les échanges électroniques en Asie, le prix du baril de brut a atteint pour la première fois les 99 dollars. Un nouveau record a été établi à 99,29 dollars. Le billet vert continue quant à lui, à ronger son frein. Il fait grise mine. Il continue à être dominé par son rival européen. 1,4855 dollar pour un euro. La dégringolade ininterrompue du billet vert combinée à la hausse spectaculaire du baril de pétrole ont ébranlé la Bourse de Hong-Kong. Elle a clôturé en baisse de 4,16%. Tokyo perdait 2,46%, son plus bas niveau depuis près d'un an et demi. Seoul n'a pas été épargnée, elle a perdu 3,5%. Sa plus mauvaise performance depuis un trimestre. Bombay avec moins de 3,52%, Taipei 2,27% et Singapour 2,65% y ont aussi laissé des plumes. L'économie américaine, qui sert, d'autre part, de locomotive à l'économie mondiale, est mal en point. Crise de l'immobilier, conflits géopolitiques (présence en Irak...), mais aussi un besoin immense en approvisionnements en pétrole. Les Etats-Unis produisent quelque 8 millions de barils par jour, alors que leur consommation est de 20 millions de barils par jour. «Il y a encore trop d'incertitudes aux Etats-Unis et sur les marchés locaux», a estimé le vice-président de South China Securities, M.Georges Howard. La hausse du prix du baril de pétrole durera-t-elle encore longtemps? Questionné par L'Expression, M.Abdelmalek Serraï, expert en économie, répond: «Cette hausse devrait être maintenue jusqu'en juin-juillet. Cela permettra dans un premier temps à l'Algérie de stabiliser ses recettes.» Mais si la chute du billet vert américain se prolongeait, cela ne serait pas sans conséquence sur l'état des finances algériennes. M.Serraï abonde dans ce sens: «En effet, les importations qui sont à 80% libellées en euros, pourraient se répercuter de manière sérieusement négative sur l'économie algérienne.» Quelles devraient être les mesures immédiates à prendre? «Trouver une solution pour investir rapidement dans les PME-PMI par exemple, ainsi que dans les investissements lourds, mais aussi tenir compte des préoccupations des jeunes», a proposé l'analyste. M.Serraï pense que la chute du dollar ne s'arrêtera pas. «Les Américains feront tout pour faire barrage à l'hégémonie économique chinoise naissante», explique-t-il. Pour éviter la grave crise sociale et même politique qui pointe le bout de son nez aux USA, due à la crise des subprime, la Banque centrale américaine a dû baisser ses taux d'intérêt, a argumenté notre spécialiste. «Nos opérateurs économiques peuvent se prémunir contre la dépréciation du dollar en procédant à l'achat de bons de Trésors publics français, anglais, américain...», a-t-il ajouté. Le déclin annoncé de la devise américaine n'a sans doute pas fini de faire des remous...Certains pays tels que le Koweït, les Emirats arabes unis ont déjà pris leurs dispositions.