Comme chaque année, le Salon international du livre d'Alger a remis sur le tapis la polémique du livre religieux. En parcourant les stands, on s'aperçoit que la plupart des exposants arabes ont participé au salon – c'est le cas chaque année – avec le livre religieux. Force est de constater, et avec consternation, que dans ce genre de littérature, il n'y a pas de nouveauté. Ce sont toujours les mêmes auteurs – les anciens de l'islam médiéval et de l'islam salafiste – qui continuent d'accaparer l'intérêt des visiteurs. Des éditeurs comme Karim Chikh des éditions APIC regrettent que l'Islam soit ramené à une vision rigoriste – et parfois stéréotypée. «L'Islam ne peut être considéré comme tel», a-t-il dit, soutenant : «L'Islam n'est pas seulement une religion, c'est aussi une philosophie. L'Islam revêt à la fois un caractère intellectuel, littéraire et poétique.» Karim Chikh, pour qui la participation du livre religieux aux côtés du livre profane est antinomique, juge qu'il est préférable d'initier un salon du livre religieux. «Il vaut mieux organiser à part, et en dehors du Salon international du livre d'Alger, un Salon du livre religieux», a-t-il suggéré. Et de poursuivre : «Le Maroc en a un. C'est une bonne chose parce que cela permet à l'Etat de contrôler le livre religieux, de mieux le canaliser, de filtrer le livre théologique du livre de propagande ou subversif. Cela permet également à l'Etat de réinvestir le terrain religieux.» Le même éditeur relève qu'un salon du livre religieux doit se faire de manière non pas à pousser la logique de l'Islam à son point extrême, mais à faire connaître et à promouvoir cette religion qui est d'abord humaine et émancipatrice du point de vue culturel. «Un salon du livre religieux doit s'assigner comme objectif de réhabiliter l'Islam en exposant des livres qui ont trait à son caractère intellectuel et philosophique, en organisant des conférences et en engageant des débats critiques et constructifs autour de l'Islam», a-t-il proposé. Les livres exposés dans les stands n'apportent effectivement aucun enseignement positif au lecteur si ce n'est de le confiner dans une réflexion nue et austère de la religion, d'une part, et, d'autre part, de la vie – une réflexion stérile et dépouillée de toute intellectualité et d'esprit critique. L'idée d'un salon religieux se révèle en effet intéressante dans la mesure où elle permet de réhabiliter l'Islam.