InfoSoir : Pourquoi, à votre avis, les bandes criminelles utilisent de plus en plus les nouvelles technologies ? Y. Grar : Les nouvelles technologies constituent un moyen de communication, de production et de diffusion de l'information et, à ce titre, elles sont tout indiquées pour établir des réseaux et faire de la propagande. De la même manière qu'elles sont utilisées par les entreprises pour faire du marketing et gagner des clients, elles peuvent être exploitées par les groupes terroristes, les réseaux de pédophilie et de trafic de drogue pour recruter de nouveaux membres, entre autres. Le trafic de drogue, tout comme le terrorisme ou le trafic de monnaie, sont, aujourd'hui, des phénomènes planétaires. Partout, les criminels ont besoin de recruter et pour cela, l'Internet et le téléphone mobile constituent des moyens idéaux. Pouvez-vous être plus précis ? Vous savez, sur Internet par exemple, vous pouvez trouver toutes sortes d'informations. En l'utilisant, les groupes terroristes obtiennent des recettes prêtes à l'emploi. Il ne leur reste qu'à les adapter à leur contexte local. Ceci m'amène à affirmer que si les membres des groupes criminels utilisent les nouvelles technologies, c'est parce qu'ils sont convaincus de leur efficacité, mais pas seulement. Prenez l'exemple des groupes terroristes qui utilisent Internet, ils ont leurs propres sites qu'ils actualisent sans cesse. C'est qu'ils croient en les contenus qu'ils diffusent et ils sont persuadés que le Net leur assure une large diffusion avec le meilleur effet possible. Que faut-il faire, à votre avis, pour éviter qu'Internet soit utilisée de la sorte ? A mon sens, la meilleure manière de le faire consiste à combler le vide dont souffrent nos internautes. Je m'explique : en se connectant à Internet, l'Algérien ne trouve pas toujours l'information qu'il cherche, car nos sites sont, pour la plupart, mal faits et très «pauvres» à la fois, ce qui l'incite à chercher ailleurs et c'est ainsi qu'il «tombe» sur les sites des groupes terroristes. Partant de là, je dirai qu'il est urgent de faire des efforts pour mettre en place des sites Internet riches en contenus à même d'éviter à nos internautes de tomber dans le piège des groupes criminels. Outre les terroristes, les escrocs sont de plus en plus nombreux à utiliser Internet. Y a-t-il des victimes chez nous ? On n'a pas enregistré de cas concrets, mais je suis certain qu'ils ont fait de nombreuses victimes. Des victimes qui préfèrent souvent garder le silence afin d'éviter le «qu'en dira-t-on». Avec les difficultés financières auxquelles ils sont confrontés au quotidien, bon nombre de nos concitoyens peuvent être arnaqués à tout moment en leur faisant croire qu'ils peuvent gagner énormément d'argent. Je suis sûr que certains ont mordu à l'hameçon. Que préconisez-vous pour éviter ce genre d'arnaque ? Un travail de sensibilisation s'impose. Il faudra convaincre nos jeunes que la vie facile est une vue de l'esprit, ni plus ni moins, et que pour récolter, il faut au préalable semer. Le ministère de l'Education pourra jouer un grand rôle dans ce sens. * Président-directeur général de la société General Computing System (Gecos) et président de l'Association algérienne des fournisseurs de services Internet (Aafsi).