L'Algérie demeure encore en retard dans le développement des nouvelles technologies de l'information, confie Younès Grar, président de l'Association algérienne des technologies de l'information (AITA), comparativement aux pays de la région. “Je déplore l'absence de l'Algérie au dernier congrès international de l'Alliance mondiale des associations des nouvelles technologies de l'information organisé aux USA”, a déclaré le président de l'AITA, en affirmant que “l'AITA a été intégrée en tant que membre de l'Alliance mondiale des associations des nouvelles technologies qui regroupe plus de 85 pays”. Le staff dirigeant de l'AITA, composé, outre Younès Grar, de Mohamed Saïdi et Kara Baghli, a participé au dernier congrès de l'AMNT qui s'est déroulé aux USA. Pour Younès Grar, “la plupart des projets lancés dans le secteur des TIC tels que le réseau Intranet gouvernemental, l'opération Ousratic et le développement de l'Internet à haut débit n'ont pas été concrétisés dans les délais”. Et pour cause, le réseau Intranet gouvernement était prévu pour le 1er trimestre 2005, mais il n'est pas encore opérationnel, a-t-il constaté. Idem pour l'ADSL, dont le nombre d'abonnés ne dépasse pas, dira-t-il, 200 000 alors que le gouvernement prévoit d'atteindre 3 millions de personnes connectées d'ici à fin 2008. Le président de l'AITA estime que “cette situation est liée principalement à l'absence d'une stratégie nationale claire en termes de développement des nouvelles technologies de l'information avec des objectifs bien précis et l'inexistence d'une industrie de contenu en Algérie”. Le nombre d'utilisateurs d'Internet ne dépasse pas, a-t-il indiqué, 1,5 million et celui des sites Web oscille entre 7 000 et 8 000. Le nombre de cybercafés est fixé à 5 000 dont la plupart sont gérés, notamment par des jeunes. Mohamed Saïdi, vice-président de l'AITA et P-DG de Big Informatique, a souligné que “l'AITA est en train d'élaborer un programme spécifique sur l'utilisation des technologies de l'information pour le développement et asseoir une ingénierie des connaissances en Algérie”. Ce programme sera soumis prochainement, a-t-il annoncé, au gouvernement pour l'aider à amorcer le débat sur l'Algérie de demain dans le secteur des technologies de l'information et de la sécurité des informations. Le vice-président de l'AITA a soutenu qu'“il ne s'agit pas d'acquérir des ordinateurs pour dire que nous utilisons les technologies, mais il faut savoir produire des contenus Internet et des logiciels pour notre pays et pour les autres”. Et de préciser que “ces contenus doivent être créés par des compagnies algériennes pour asseoir une industrie du Software en Algérie”. Par ailleurs, il a relevé que “les politiques doivent comprendre que le monde est devenu de plus en plus petit, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de contraintes de communication entre le fabricant, le client et le fournisseur”. Aujourd'hui, l'investissement dans la formation de l'homme de demain est un enjeu majeur pour le développement du pays, notamment en termes de production de technologie, a-t-il avoué. Il a cité l'exemple de la Corée du Sud, leader mondial de l'Internet à haut débit avec une couverture de près de 80% de la population, la Malaisie, dixième exportateur mondial de technologies vers les USA et l'Inde qui exporte, actuellement, des logiciels aux USA pour une valeur de 25 milliards de dollars. L'Alliance mondiale des technologies de l'information a attribué, a-t-il révélé, deux distinctions respectivement à l'Ouganda et à la Macédoine pour leurs efforts dans l'intégration des TIC dans les secteurs de l'éducation et de la santé. La compagnie Microsoft s'est engagée, a-t-il noté, à assurer la formation de 250 millions de personnes et la société Intel compte former 10 millions d'enseignants d'ici à 2010. Le chercheur Negro Point a proposé, a-t-il rappelé, un projet prévoyant 1 PC pour chaque élève, destiné notamment aux pays en développement à moins de 100 dollars. Plusieurs pays, dont le Mexique, l'Egypte et le Sénégal ont souscrit à ce projet alors que l'Algérie ne s'est pas manifestée, a-t-il regretté. Faïçal Medjahed