Opposition n Dans la tourmente du blocage, les syndicats autonomes se sont lancés, depuis quelque temps, dans une véritable bataille afin d'arracher, avec des fortunes diverses, une place dans le paysage syndical national d'aujourd'hui. Ainsi, pour faire face au déni d'existence de la part des pouvoirs publics, ils se sont constitués en coordination dans l'espoir de devenir une réelle force de proposition et faire face à la mainmise de l'Ugta. Ne dit-on pas que l'union fait la force ? Si certains responsables dans les pouvoirs publics continuent, au jour d'aujourd'hui, à proclamer haut et fort que ces syndicats ne sont pas représentatifs, les présidents des 12 syndicats autonomes estiment, en revanche, qu'il s'agit là d'une manière peu orthodoxe de les chasser du terrain de la prise de décision c'est aussi une manière de protéger la centrale syndicale contre le vent d'un multisyndicalisme dérangeant. Les autorités ont instauré, selon eux, des mécanismes très malins à même de dissuader toutes les velléités d'adhérer, ou même d'avoir de la sympathie pour un syndicat autonome. Les quelques résistants finissent souvent par céder face à la sévérité des sanctions et les intimidations dont ils font l'objet. Et c'est ainsi que les syndicats réellement autonomes sont réduits au silence et ainsi l'objectif de leur musellement est atteint. Ils ne cessent de reprocher aux pouvoirs publics leur marginalisation au profit de la Centrale syndicale. Le Syndicat national du personnel de l'administration publique (Snapap) est allé jusqu'à saisir les instances internationales notamment le Bureau international du travail au motif «d'entraves au libre exercice du droit syndical.» Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) compte, lui aussi, emprunter le même chemin. Dans les années 1990, le pouvoir avait légiféré plusieurs lois qui permettaient la pratique du libre syndicalisme et signé des conventions internationales en faveur de ce droit. Le foisonnement des syndicats fut une surprise pour les pouvoirs publics qui ne s'attendaient certainement pas à un tel déferlement. L'autonomie syndicale s'avère, ainsi, très dérangeante pour les autorités, car elle véhicule un contre-discours. Il n'est donc pas étonnant de voir toute cette hostilité sur le terrain. Pour la coordination des syndicats autonomes, qui est le couronnement des années de lutte et de mobilisation pour une plus grande justice sociale, durant laquelle des activités de protestations diverses ont été organisées, il s'agit d'une démarche qui s'inscrit dans une volonté commune de voir émerger une force autonome devançant toutes les barrières politiques et administratives.