Contrainte n Malgré l'hostilité «historique» affichée entre Téhéran et Washington, les intérêts politiques et stratégiques les obligent parfois à «coopérer». Derrière les petites phrases va-t-en guerre, les Etats-Unis tentent discrètement de réchauffer leurs relations avec l'Iran, comme en témoigne l'annonce d'une quatrième session de discussions bilatérales sur l'Irak. Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a annoncé mardi avoir accepté une invitation de Washington à discuter de la sécurité en Irak. Le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a confirmé l'imminence de ces entretiens, sans préciser de date. «Nous n'avons pas encore reçu de réponse (des Iraniens) ni directement ni par l'intermédiaire de la Suisse», a-t-il déclaré. Depuis que les Etats-Unis et l'Iran ont rompu leurs relations diplomatiques il y a 25 ans, c'est la Suisse qui représente les intérêts américains à Téhéran. Ces entretiens ne sont pas supposés porter sur le programme nucléaire iranien, qui a conduit le président George W. Bush à brandir, le mois dernier, la menace d'une «troisième guerre mondiale» et le très conservateur vice-président Dick Cheney à menacer l'Iran de «graves conséquences». L'objectif de ces rencontres est d'étudier les moyens de contribuer à une réduction de la violence en Irak, Washington ayant accusé Téhéran d'armer et de financer des groupes extrémistes chiites. Or la semaine dernière, le général de division James Simmons, l'un des principaux chefs du commandement américain en Irak, a estimé que l'Iran semblait respecter sa promesse au Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki d'aider à arrêter le flux d'engins explosifs arrivant en Irak. Autre signe de décrispation, l'armée américaine a libéré, le 9 novembre, neuf Iraniens détenus en Irak, dont deux membres de l'unité d'élite Al-Qods des gardiens de la révolution. Et trois jours avant la libération de ces deux Iraniens, arrêtés en janvier 2007 à Erbil (nord) dans une opération contre une représentation iranienne dont Washington avait nié le caractère diplomatique, l'Iran a officiellement ouvert deux consulats à Erbil et Soulaimaniyeh, les deux principales villes du Kurdistan irakien. En outre, un haut responsable chiite irakien, Abdel Aziz al-Hakim, a affirmé avoir reçu des «assurances» de l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Crocker, sur la libération prochaine d'autres détenus iraniens. Le département d'Etat a aussi discrètement rangé au placard un programme contesté d'aide financière aux opposants iraniens pour lequel Mme Rice avait obtenu l'an dernier un budget de 75 millions de dollars. Aux Nations unies, l'ambassadeur iranien à l'ONU Mohammad Khazaee a estimé que son pays était incontournable pour stabiliser l'Irak, comme l'Afghanistan.