Alors qu?il attendait son procès, Mullin fut enfermé en prison. Il y rencontra un autre tueur en série, celui, justement, qui avait décapité les jeunes autostoppeuses et avait, entre-temps, été arrêté : Edmund Emil Kemper III. Ce géant à l?air débonnaire s?était livré à la police. Quelqu?un avait placé Kemper et Mullin dans des cellules mitoyennes. Kemper était bien plus grand et costaud que Mullin, et le tourmentait autant qu?il le pouvait. Il se vanta par la suite du pouvoir qu?il exerçait sur Mullin, lui ordonnant de se taire lorsqu?il chantait alors qu?il regardait la télé. Il disait de Mullin qu?il n?était qu?un «rampant sans aucune classe». Mullin était dégoûté par Kemper et se plaignait constamment du bruit que faisait le géant alors qu?il tentait de méditer. Mullin et Kemper avaient pourtant un point commun : tous les deux considéraient que leurs meurtres étaient le fruit d?une mission. Mullin avait tué pour sauver le monde des tremblements de terre et méprisait Kemper, qu?il considérait, à raison, comme un maniaque sexuel sadique. En retour, Kemper dit de Mullin qu?il «était seulement un tueur de sang-froid? tuant qui que ce soit qu?il voyait sans bonne raison». Kemper pensait que c?était lui qui, à travers ses meurtres, avait accompli une déclaration sociale, effectuant une «démonstration aux autorités de Santa Cruz» en assassinant les jeunes femmes que la société chérissait le plus. Kemper avait eu d?énormes problèmes avec sa mère, qu?il avait fini par tuer. Pour Mullin, c?était son père. Il insista sur le fait que son père, William Mullin, était un tueur en série. Herb pensait également que son père avait télépathiquement ordonné à son ami Dean Richardson de se suicider en s?écrasant avec sa voiture en 1965... Le procès de Mullin commença le 30 juillet 1973 et fut sans cesse interrompu par les objections de Mullin. Son avocat plaida «non coupable pour raison de démence». Le 2e jour du procès, Mullin, enchaîné, interrompit les dépositions en s?approchant du juge afin de lui tendre une missive titrée «Observations d?un observateur depuis un point de la péninsule de San Francisco», une divagation de deux pages affirmant que quelqu?un avait fouillé dans son carnet de notes personnel. L?avocat de Mullin, Jackson, commença sa plaidoirie : «Ne vous y trompez pas. Monsieur Mullin entend des voix et ces voix lui ont dit de tuer. Ce n?étaient pas des actes de meurtres, mais des actes de sacrifices.» Jackson se concentra sur le comportement étrange de Mullin avant qu?il ne commence à tuer. Mullin pensait alors être un ouvrier mexicain, puis le chroniqueur Herb Caen, et enfin un philosophe oriental. Jackson présenta la théorie de conspiration de son client : «Tout le monde dans la vie de Mullin n?existait que pour détruire ses chances de bonheur, dans cette vie et dans la prochaine. Il devait donc les tuer.» La cour fixa son attention sur Mullin, renfrogné, alors qu?il se balançait doucement d?avant en arrière sur sa chaise. Il ne montra que peu d?émotions durant le procès et resta les yeux fixés sur le mur lorsque des témoins parlèrent. Il était ennuyé par le fait que son avocat tentait de prouver sa folie. Il n?avait qu?une envie : témoigner à son tour afin de leur expliquer la véritable raison pour laquelle il avait tué. L?accusation fut brève. (à suivre...)