Prémonition Le vendredi 13 octobre 1972 au matin, Herbert Mullin trouva une batte de base-ball dans le garage de ses parents et décida de faire une promenade en voiture. Au début de la semaine, Herbert Mullin avait affirmé que son père lui avait envoyé des messages télépathiques de meurtre : «Si je ne tuais pas, ça apporterait la honte sur ma famille en montrant ma couardise. C?était «tue ou va-t-en».» Alors qu?il conduisait à travers la forêt de séquoias, Mullin remarqua un vagabond qui marchait seul sur la route. Après l?avoir dépassé, il se rangea sur le côté de la route, ouvrit le capot de sa Chevrolet et fit semblant d?avoir des problèmes. Le vagabond, Lawrence White, s?arrêta à côté de lui pour jeter un ?il au moteur et l?aider. Mais Mullin saisit brusquement la batte de base-ball et lui fracassa le crâne. Il poussa ensuite le corps du pauvre homme sur le côté de la route, dans un fossé, et redémarra. Lawrence White était une proie facile et personne ne signala sa disparition. Ce vagabond de 55 ans, alcoolique, dormait sous les ponts ou dans les forêts, où personne ne venait le déranger. Il eut juste droit à deux lignes dans un journal local lorsque l?on découvrit son corps dans le fossé quelques jours plus tard. Personne ne vint à son enterrement et personne ne se pressa pour trouver son assassin. Mullin déclara, par la suite, que White ressemblait au Jonas de la Bible, et lui avait envoyé un message par télépathie : «Hé, toi. Attrape-moi et fais-moi passer par-dessus bord. Tue-moi pour que d?autres soient sauvés.» Quelques jours plus tard, Mullin avait terminé un livre, L?Agonie et l?extase, une biographie de Michel-Ange par Irving Stone. Il décida que, en tant qu?artiste lui-même, il devait faire ce que le célèbre peintre et sculpteur italien avait fait : disséquer un cadavre. «Michel Ange a passé des heures et des heures à disséquer en secret des corps pour qu?il puisse tout savoir des formes du corps humain, pour ses peintures et ses sculptures et tout ça. C?est pour ça que son travail est bien meilleur que celui des autres. ça lui a donné un discernement que les autres n?avaient pas». C?était sa mère qui avait offert ce livre à Mullin, espérant qu?il lui donnerait l?idée d?utiliser l?art pour exprimer ses émotions. En fait, cet ouvrage lui inspira un autre meurtre, peut-être le pire de tous. Chose rare, Herbert Mullin accusa ensuite sa mère de ce meurtre, croyant qu'elle lui avait donné ce livre pour lui suggérer de disséquer quelqu'un. Mary Guilfoyle était en retard pour un entretien d'embauche, alors elle fit ce que beaucoup de jeunes femmes faisaient à Santa Cruz, malgré les avertissements : elle fit du stop. Elle eut la chance qu'Edmund Kemper (un autre tueur en série de l'époque) ne faisait pas ses rondes ce jour-là, sur cette grande route près de l'Université de Cabrillo. Mais elle sous-estima le conducteur de la Chevrolet qui s'arrêta près d'elle. Elle avait 24 ans et avait sûrement entendu toutes ces histoires au sujet de ces jeunes femmes faisant de l'auto-stop et qui avaient disparu ou avaient été violées, ou avait été découvertes décapitées. Mais le jeune homme mince aux yeux de biche assis derrière le volant n'avait pas du tout l'air d'une brute lubrique. Il était beau garçon, bien qu'un peu trop maigre, et parlait d'une voix douce. Mary Guilfoyle se détendit. Mullin conduisit doucement, entra dans une rue calme, saisit un couteau de chasse... et poignarda brusquement la jeune femme à la poitrine et au dos. Elle mourut presque immédiatement. Après avoir traîné son corps dans un endroit désert, loin de la rue, sur une petite colline, Mullin éventra la jeune femme et sortit ses organes. Mullin pensait qu'il pouvait voir à l'intérieur de la tête des gens, mais il voulait à présent voir à l'intérieur de leur corps. Quoi qu'il vit, cela ne dut pas lui plaire, car il ne recommença jamais. (à suivre...)