Commémoration n Il y a cent ans, est venu au monde dans un petit village de Kabylie, Mohamed Iguerbouchen qui deviendra quelques années plus tard un compositeur de musique classique de renommée mondiale. Ainsi, en hommage à la maestria de cet homme qui a dépassé les frontières nationales, l'association culturelle éponyme a commémoré le centenaire de sa naissance jeudi et vendredi à la maison de la culture de Tizi Ouzou. En lui dédiant cet hommage, l'association Mohamed Iguerbouchen entend faire connaître la vie et l'œuvre de cet artiste dans l'espoir de susciter plus d'intérêt pour son fécond legs musical. Au programme, des expositions, des conférences, des chorales, des poésies et pièces de théâtre, en plus d'une visite à la maison natale de ce talentueux chef d'orchestre. Mohamed Iguerbouchen est né le 13 novembre 1907 à Tighilt Nath Ouchen, dans la commune des Aghribs (Tizi Ouzou). En fait, rien ne prédestinait le petit Mohamed, de surcroît pauvre et fils de pauvres, à pénétrer dans la cour des grands de la musique classique, si ce n'était un concours de circonstances. Le destin a ainsi voulu qu'en jouant de la flûte dans une ruelle humide de la Casbah d'Alger où ses parents se sont installés en 1919, il a attiré l'attention d'un comte écossais, Fraser Roth, qui se promenait dans la vieille ville. Fraser Roth n'hésita pas à emmener avec lui le jeune Mohamed à Londres où il l'inscrit à l'académie royale de musique qui, à cette époque, fourmillait de célèbres professeurs. Son inséparable mécène l'emmena, quelques années après, à Viennes pour parfaire ses études musicales au conservatoire de cette ville. Lors d'un concours, organisé en 1925, il obtint le 1er prix de composition et d'harmonie, ainsi que celui d'instrumentation et de piano. Iguerbouchen compose ses premières œuvres symphoniques dès 1930. En 1937, en présentant à Londres sa troisième Rhapsodie mauresque, le public était tellement charmé qu'il croyait, consonance du nom aidant, que c'est une œuvre d'un compositeur russe, Igor Buschen. Celui que l'on appelait à cette époque Igor Buschen, créa un ballet Féerie orientale qui passa à la télévision française. En 1952, il dédie au Sultan du Maroc un poème musical intitulé Une nuit à Grenade. Une année après, il crée un concerto pour piano et orchestre symphonique la Rhapsodie algérienne. Sa vocation étant la musique symphonique, il écrit de nombreuses chansons pour de jeunes chanteurs algériens de son époque. Il composa plusieurs genres musicaux (boléro, mambo, samba) et chant du sud et d'orient. Un palmarès de près de 600 œuvres musicales lui valut d'être membre de la Société des auteurs et compositeurs de musique Mohamed Iguerbouchen s'est éteint à l'âge de 59 ans, le 21 août 1966. Un génie de la musique demeurant méconnu, car de son œuvre fertile, seul un antique disque 33 tours comportant des musiques improvisées a été édité dans les années 1970, alors que sa célèbre Rhapsodie Concertante n'est disponible qu'en un seul CD au niveau de la radio nationale. Un jour, il faudrait peut-être repartir à la découverte de cet Iguerbouchen qui a réussi, à partir de quelques notes jouées sur une flûte de roseau à l'ombre d'une ruelle sentant les embruns de la mer qui ne cesse de manger le vieil Alger, à conquérir le monde, à sa manière.