C'est dans l'optique de faire connaître l'artiste et son oeuvre à la génération montante, qu'un centenaire de la naissance de Mohamed Iguerbouchen sera organisé, ce week-end, aussi bien à la Maison de la culture de Tizi Ouzou qu'au village d'Aït Ouchen, à Aghribs. L'initiative revient à l'association qui porte le nom de l'artiste qui a mis sur pied un alléchant programme pour la circonstance. Ainsi donc, les festivités de cet hommage ont débuté jeudi, avec, à la clé, une grande exposition qui sera, selon les organisateurs, mise en place dans le hall de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, dans la capitale du Djurdjura. Cette exposition portera essentiellement sur des photos, partitions, manuscrits et revues de presse ayant trait au parcours du musicien. Toujours au menu de la journée d'ouverture, l'on relève une conférence sur la vie et l'oeuvre de Mohamed Iguerbouchen. Cette rencontre sera animée par Rachid Mokhtari qui dédicacera, à l'occasion, son nouvel ouvrage intitulé Les Disques d'Or du chef d'orchestre Amraoui Missoum. Pour ce qui est du programme de vendredi, celui-ci sera essentiellement consacré à la cérémonie d'inauguration d'une stèle commémorative érigée à l'effigie du défunt. Aussi, outre la visite de la maison natale d'Iguerbouchen, des témoignages seront de la partie, des gens ayant connu l'artiste seront invités pour donner un aperçu sur sa vie. Par ailleurs, notons que Mohamed Iguerbouchen est né le 13 novembre 1907 au village Tighilt Nath Ouchen, commune d'Aghribs, en Grande Kabylie. Enfant, il fit un bref passage à l'école de sa région. Quelques mois plus tard, il sera scolarisé à l'école de Sidi M'hamed, à la Casbah, dans la capitale. Il affectionnait les cours de musique. Selon certains témoignages des uns et des autres, «à cette période-là, Iguerbouchee se rendait souvent au quartier Bresson (Square Port-Saïd) pour écouter les quatuors. Sur sa flûte, ce petit Kabyle reprenait avec une aisance extraordinaire et déconcertante les airs qu'il venait d'entendre. Ce qui attirera l'attention d'un Ecossais, Fraser Roth, un riche comte qui fera tout pour embarquer Mohamed et l'inscrire à la Royal academy of music de Londres où il eut le célèbre Lord Levingston comme professeur. Là, Iguerbouchen va suivre de sérieuses études en musique.» D'autre part, l'artiste se mettra à composer ses premières oeuvres symphoniques dès le début des années 1930. En effet, après sa triomphale prestation en Angleterre avec la 3e rhapsodie mauresque, en 1937, il connaîtra une ascension fulgurante. Il continuera, dès lors, à composer poèmes symphoniques, kabyles et autres. Son talent épatera plus d'un, d'autant plus que son émergence dans ce domaine artistique a fait de lui, au bout de quelques années, un maître. D'ailleurs, il est l'auteur de nombreuses chansons interprétées, entre autres, par Salim Hallali et Farid Ali.Il a laissé derrière lui quelque 590 oeuvres enregistrées à la Sacem. Sur un autre volet, ce génie avait également un penchant pour les contes et les sketches. Il était polyglotte et maîtrisait, dit-on, plus de sept langues. Enfin, après un parcours riche caractérisé par une oeuvre palpitante, Mohamed Iguerbouchen s'est éteint en 1966 alors qu'il avait 59 ans. Toutefois, le nom de cet auteur-compositeur reste méconnu notamment par la nouvelle génération. Mais avec des manifestations telles que celles organisées par l'association Igherbouchen, ce génie de la musique sera incontestablement sauvé de l'oubli.