Surprenantes, insolites et souvent naïves sont les connaissances des élèves – écoliers et des collégiens – sur le sida. «Le sida se transmet lorsqu'un homme a des rapports sexuels avec une femme étrangère (qui n'est pas son épouse légitime) …», a été la réponse la plus fréquente faite par beaucoup d'élèves et même des lycéens ! Quand nous avons essayé de comprendre si cette transmission du virus a lieu même si l'un des partenaires n'est pas porteur, la réponse était… oui ! «Je pense que c'est un châtiment divin pour ceux qui ont des relations sexuelles extraconjugales !», explique naïvement un collégien en classe d'examen au CEM Nafissa à Bab El-Oued. Un autre élève qui semble être mieux informé nous dira : «Ce sont les toxicomanes, accros aux drogues dures qui sont atteints par cette maladie.» Mais comment ? L'élève s'arrête là et ajoute simplement : «Ils prennent de la cocaïne...» Par quelle voie ? «Je ne sais pas, c'est ce que j'ai entendu dire», conclut-il. Les filles sont plus pudiques et fuient carrément la question en essayant de cacher leur timidité par de larges sourires et en disant «ce sont ceux qui font de (mauvaises choses) avec les femmes». La directrice de l'établissement, Mme Fatima Bedaoud, nous a souligné que la majorité des élèves ignore beaucoup de choses sur cette maladie. «La seule information qu'ils ont c'est que cette maladie est dangereuse, infaillible et tueuse.» Il ne faut pas oublier que bien que certains tabous soient brisés dans notre société, celui d'évoquer le sexe et tout ce qui est en relation avec, reste toujours interdit dans nos écoles. Surtout dans les quartiers populaires comme à Bab El-Oued où, malgré les apparences, les choses sont en réalité tout à fait différentes. Mme Bedaoud, qui a plus de 25 ans de service dans l'enseignement, nous a souligné qu'elle laisse parfois l'initiative à certains enseignants pour qu'ils donnent des cours de sensibilisation aux élèves sur les modes de transmission de cette maladie et les moyens de prévention. La directrice a nié que certains manuels scolaires, y compris celui de l'éducation civique, incluent des leçons sur ce sujet. «Le sida est entièrement absent dans les livres scolaires et c'est seulement par des initiatives individuelles d'enseignants et moi-même que les élèves sont informés sur le sida», déplore-t-elle.