Témoignages n La violence contre les femmes est l'intitulé du film-documentaire du réalisateur Sid-Ali Mazif, projeté, hier, à la salle Ibn Zeydoun (Riadh-el-Feth). D'une durée de 60 minutes, ce film raconte les multiples souffrances vécues par la femme algérienne quelle que soit sa hiérarchie sociale. Il montre, à partir de témoignages de plusieurs femmes victimes de différentes sortes de violences (conjugales, physiques, psychologiques, harcèlement sexuel et moral ainsi que l'inceste), les souffrances ressenties et les conséquences de ce phénomène social. Cette production débute par des images assez dures et difficiles à supporter, entraînant le public présent notamment des pensionnaires du centre des femmes en détresse El-Yasmine de Bou Ismaïl à exprimer son désagrément et sa gêne. De gros plans sur des hématomes, plaies, fractures et ecchymoses, accompagnés de voix féminines tremblantes et souffrantes racontant l'origine de ces blessures ont, en effet, marqué la première partie du film. Le documentaire raconte l'histoire de Hassina, Kheira et Assia qui, issues de différentes régions du pays et de catégories sociales distinctes, partagent le même sort malgré la différence d'âge (entre 20 et 58) car confrontées à la mentalité et au comportement de leur entourage qui a fait d'elles des «victimes refoulées» en raison des tabous. Une partie de cette production, qui s'inscrit dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», était réservée à des spécialistes en la matière, représentés par des sociologues, des avocats, des médecins légistes, des responsables d'associations et des membres de la Sûreté nationale. Leurs témoignages ont fait comprendre que la violence contre les femmes touche «toutes les catégories sociales de femmes, qu'elles soient analphabètes ou lettrées, nées dans un milieu rural ou citadin, actives ou femmes au foyer». Il a été indiqué aussi que 1 879 cas de violences contre les femmes ont été enregistrés durant le premier trimestre de l'année 2007, alors qu'en 2006, plus de 8 000 femmes avaient subi toutes sortes de violences. Interrogé par l'APS sur les conditions de réalisation de ce film-documentaire, Sid-Ali Mazif a fait état de la difficulté rencontrée durant le tournage, notamment pour faire parler certaines femmes victimes. Il a, toutefois, tenu à saluer «le courage» des femmes qui ont accepté de révéler leurs souffrances aux objectifs des caméras à visage découvert en brisant le mur du silence et les tabous. Le but espéré par cette production est «de tirer la sonnette d'alarme et de dénoncer la violence subie par les femmes en Algérie», a ajouté Mazif, expliquant qu'«il s'agit d'une situation anormale». Soulignant que la violence contre les femmes «n'est pas un phénomène propre à l'Algérie», le réalisateur a, cependant, fait comprendre qu'il est nécessaire que «cette violence cesse». «La femme algérienne n'a pas encore trouvé sa place dans notre société», a-t-il déploré, précisant que «le traitement des thèmes de la condition féminine est primordial dans notre société pour qu'elle puisse se développer».