Constat n Yazid et Sarah, un couple d'Algériens résidant en France, cherchent une agence de voyages pour leur faire visiter l'Algérie. Lui en pantacourt beige rehaussé d'une chemisette d'un blanc immaculé. Elle délicieusement mise en valeur par une petite robe d'été. Le bleu azur lui va à merveille. Les cheveux, ramassés en queue-de-cheval, débordent allègrement d'un chapeau de paille orné d'un petit bouquet de marguerites artificielles d'un jaune éclatant qui contraste avec sa peau mate et brillante. Yazid et Sarah résident à Grenoble, une ville du sud-ouest de la France à quelque cent kilomètres de la frontière italienne. Tous deux sont médecins. Ils sont installés depuis plus de cinq ans en France et travaillent à l'hôpital de la Tronche. Amoureux de l'Algérie, le couple s'est fixé comme objectif de faire le tour des principales villes balnéaires du pays en trois ans à raison de trois villes par an. «Il paraît que notre pays est beau, nous sommes venus pour nous en assurer», explique Yazid, le sourire aux lèvres. D'origine algéroise, le couple est arrivé à Alger depuis deux jours. Hébergés chez les parents de Yazid, le couple, trentenaire, a décidé, aujourd'hui, de faire le tour des agences pour tenter de trouver la meilleure formule de voyages. Cette année, ils ont décidé de faire le circuit Béjaïa - Annaba - El-Kala. Il est 10h 30, la première agence de voyages qui séduit les jeunes vacanciers se trouve à la rue Didouche-Mourad. Des affiches sont placardées sur la vitrine, «Venez découvrir la Turquie», «Tunisie : un séjour inoubliable vous attend». La porte vitrée est fermée. Yazid pousse la porte et le couple entre dans le petit bureau qui fait office d'agence de voyages. A l'intérieur, personne… enfin si, une jeune femme, au visage terne, accueille le couple avec un sourire bien commercial. Sans trop de salamalek, la «professionnelle de la communication» fait un signe de la tête qui signifie : «Quelle est la raison de votre visite ?» C'est du moins ce qu'a cru comprendre Yazid, puisqu'il a demandé à l'hôtesse si l'agence organisait des voyages touristiques vers les villes balnéaires algériennes. En guise de réponse, il eut un autre signe de tête. Cette fois bien clair : «Non.» Déçu par l'accueil, le comportement de l'hôtesse et la réponse négative, le couple ne se décourage pas pour autant. Deux, puis trois agences plus tard, Sarah commence à regretter d'être venue. D'autant plus qu'il fait une chaleur torride et qu'une envie pressante l'empêche d'avancer. Mais à Alger, point de sanitaires publics (le couple est à la rue Hassiba). n Yazid et sa jeune épouse décident, tout de même, de tenter une dernière fois leur chance auprès d'une agence de voyages qui se trouve à proximité. Le directeur de l'agence Discovery voyage, un homme très avenant, la cinquantaine, les accueille avec beaucoup de courtoisie le sourire aux lèvres dès l'entrée. «Malheureusement, l'agence ne présente pas ce genre de prestation», s'excuse presque M. Kouba. Yazid pose la question sur les raisons de cette absence de couverture touristique, avec une étincelle dans les yeux, signe d'une rage contenue mêlée à une déception profonde, il s'entend répondre : «Nos hôtels sont des taudis, les services de transport ne respectent aucun engagement et les pouvoirs publics ne font aucun effort. Je ne peux pas m'aventurer à organiser ce genre de voyage au risque de décevoir mes clients qui peuvent par la suite m'ester en justice.» A entendre ces propos, nous comprenons pourquoi le tourisme en Algérie n'est pas près de connaître son heure de gloire. Alors que l'ex-ministre du Tourisme, Noureddine Moussa, tablait sur l'arrivée de 15 millions de touristes en Algérie à l'horizon 2015. En attendant, un couple algérien cherche toujours une agence capable de lui faire visiter son pays !